LE TEMPS DE NOËL

1- Il s’agit d’un Temps

C’est un Temps qui démarre aux Vêpres du 24 décembre
Et qui dure jusqu’au Baptême du Christ (le dimanche 11 janvier, en 2015). C’est le lendemain qu’on retirera la Crèche.

Au sein de ce Temps, il existe une Octave (=8 jours) : c’est-à-dire qu’on va fêter Noël pendant huit jours, jusqu’au 1er janvier.

Au cours de ce Temps, on rencontre 3 Solennités qui tombent à date fixe (qui priment sur toutes les célébrations) :

 Noël,

 Sainte Marie, mère de Dieu (toujours le 1er janvier),

 l’Epiphanie (toujours le 6 janvier ; comme ce n’est pas un jour férié en France ,
l’Eglise la fête le dimanche le plus proche du 6. En 2015, ce sera le 4.)

On rencontre enfin 4 fêtes :

2 fêtes qui tombent presque systématiquement un dimanche , donc sont proches des
solennités (mais à dates variables )

 la Sainte Famille (le dimanche qui suit Noël, en 2014 : le dimanche 28),

 et le Baptême du Christ. ( le dimanche qui suit l’Epiphanie)

2 fêtes en semaine qui peuvent être remplacées par la Sainte Famille si cela tombe un
dimanche…

 Saint Etienne le 26 décembre

 Saint Jean l’Evangéliste, le 27. (Qui peuvent sauter)

2- La Parole de Dieu est spécifique à ce Temps
.
Les lectures que l’on entend ne sont entendues qu’à ce moment-là.
~ Le 24 au soir : St Luc, les bergers
~ Le 25 à l’aurore : St Luc, la suite des bergers
~ Le 25 au matin : le Prologue de Saint Jean
~ La Sainte Famille : année A, St Matthieu : la fuite en Egypte. Année B, St Luc : la présentation au Temple. Année C, St Luc : Jésus enfant au Temple.
~ Epiphanie : St Matthieu, les Mages.
~ Baptême du Christ : se trouve dans tous les Evangiles. (St Marc commence par
cela). Année A : St Matthieu. En année B, nous lirons St Marc. En année C, St
Luc.

On remarque que les textes du Temps de Noël sont loin d’être dans un ordre chronologique.
Ils ne sont pas à prendre comme une suite, mail ils sont plutôt à mettre en parallèle pour avoir différents éclairages sur un même évènement : la venue de Jésus dans le monde, son incarnation.

Jean Marc Luc Matthieu
Prologue Annonciation Vision de Joseph
Visitation
Naissance avec les bergers Naissance avec les Mages
Présentation La Fuite en Egypte
Jésus enseigne au Temple
Jean-Baptiste baptise Jean-Baptiste baptise Jean-Baptiste baptise Jean-Baptiste baptise
Baptême de Jésus Baptême de Jésus Baptême de Jésus Baptême de Jésus

Ce parallèle fait apparaître que nous sommes dans une construction théologique.
Chaque auteur a une pensée particulière sur le sens de Noël. Par exemple, pour St Marc, la naissance du Christ, c’est son Baptême.

Que s’est -il passé réellement ? On n’en sait pas grand’chose.

Avant le XIX° siècle, on recherchait des histoires pour expliquer le présent. Dans le cas d’un personnage important, une coutume, chez les Hébreux, était de construire un « Midrash », c’est-à-dire un récit d’enfance dans lequel on trouve des faits qui expliquent le personnage
Exemple : Moïse, sauvé des eaux, sera le sauveur de son peuple et lui fera traverser la Mer Rouge.
Les récits de la naissance et de l’enfance de Jésus ne sont pas des récits d’historicité pure.
L’intérêt est de se demander ce que l’auteur a voulu faire passer comme message, et à quels auditeurs il s’adresse. Exemples :
-St Luc, dans son Evangile, est très attentif aux pauvres. Cela donne que les bergers (les pauvres de l’époque) sont les premiers à venir à la Crèche.
-St Matthieu, qui écrit pour des juifs, fait venir en premier des Mages, c’est-à-dire des étrangers, pour bien signifier que le message de l’Evangile est pour tout le monde.

Il est probable que le 25 décembre n’est pas la date exacte de la naissance de Jésus. Il est possible qu’elle ait eu lieu plutôt au printemps, puisque les bergers étaient dehors.
La date du 25 décembre a été choisie pour remplacer la fête païenne du solstice d’hiver.
La fête de Noël est d’apparition assez tardive (2° siècle).
Dans les premiers temps de l’Eglise, on fêtait chaque dimanche la totalité du mystère
chrétien : la naissance, la Cène, la mort, la résurrection de Jésus, et même la Pentecôte.
Ce n’est que plus tard que les différentes fêtes que nous connaissons sont nées et se sont développées, avec des nuances d’une confession à l’autre. Exemple : les orthodoxes fêtent la Naissance et l’Epiphanie le même jour.
Autour des récits de Noël nous avons des traditions, des images qui ne se trouvent pas dans le texte de l’Evangile mais qui disent des choses sur la compréhension, le sens du texte à une époque. Ces traditions sont vraies dans le sens où elles expriment une vérité théologique qui résonne bien avec le texte de l’Evangile … Prenons un exemple :
Dans Matthieu nous parlons des Mages : nous ne connaissons pas leur nombre. Nous savons qu’ils viennent d’Orient et qu’ils sont donc des étrangers ! Pourtant, très rapidement, les représentations des mages se feront sous la forme de 3 hommes (car 3 cadeaux) qui représentent les trois continents connus au 4°siècle (Orient, Occident, Afrique), c’est à dire la totalité du monde (l’Amérique et l’Océanie n’avaient pas encore été découvertes).
Si nous voulons représenter, dans notre crèche, la totalité du monde connu aujourd’hui, nous pouvons très bien mettre quatre mages, voire plus ! Car les mages représentent l’humanité non juive.

3- Qu’est-ce qu’on célèbre à Noël ?
L’anniversaire du « petit Jésus », ou bien Dieu fait homme ?

Nous fêtons le mystère de l’Incarnation qui se poursuit. Nous faisons mémoire, à la manière de l’Eglise.
Quand l’Eglise fait mémoire, elle ne fait pas que se souvenir d’un évènement qui a eu lieu dans le passé, elle rend actuel le mystère. Par exemple, les oraisons du Temps de Noël ne parlent jamais de la naissance du Christ. Elles parlent de lumière, d’incarnation, de création, d’humanité et de salut. C’est l’aujourd’hui du Christ.

Noël ne se comprend que dans la lumière de l’Avent qui est le temps de l’attente de
Jésus qui vient AUJOURD’HUI.
La liturgie ne répète pas ce qui s’est passé. Elle vit l’évènement dans l’aujourd’hui.
Exemple : à l’Eucharistie, nous prions pour l’Eglise….ce que Jésus n’a pas fait, puisque l’Eglise n’existait pas encore !…autre exemple : à la Crèche, St François ne mettait pas d’enfant Jésus, mais la Parole de Dieu. L’important, c’est le sens. On pourrait mettre le santon sur un Evangile.
Comment Jésus vient-il aujourd’hui dans notre monde ? Comment s’incarne-t-il de nouveau ?
A chaque fois qu’il y a plus de solidarité, plus de paix, plus de justice. « C’est Noël chaque fois qu’on essuie une larme dans les yeux d’un enfant », vieux chant d’Odette Vercruysse
C’est le mystère de l’incarnation aujourd’hui, Jésus qui vient dans notre histoire.

4- Les enjeux pastoraux, autrement dit :
quand on sait tout cela, qu’est-ce qu’on en fait ?

Quelle assemblée se trouve réunie ?
~ Les jeunes familles sont absentes car rejoignent leur famille
~ Les familles qui sont là sont, pour beaucoup, venues en visite chez les grandsparents.
~ Pour beaucoup, ce sera la seule messe de l’année.
~ Il s’agit donc d’une assemblée qui, majoritairement, ne connaît pas et ne comprend
pas le langage liturgique. De plus, la plupart de temps, elle n’a pas vécu la
démarche de l’Avent ; c’est pourquoi la Veillée doit faire l’articulation entre le
Temps de l’Avent et Noël.

Pourquoi est-elle venue ? Souvent par tradition et à cause de souvenirs d’enfance.
La Veillée peut-elle être un lieu de catéchèse ?

Oui s’il s’agit de faire vivre une expérience du Christ, qui va emmener vers
l’Eucharistie.

Non si elle est alourdie d’explications.
La liturgie parle d’elle-même, si les rites sont accomplis avec soin et beauté. Elle parle à nos sens. Il y a deux écoles :
~ Soit on déroule la liturgie sans se poser de question, en comptant sur elle
~ Soit on prend les gens où ils en sont et on cherche des « astuces » (pas des
explications !) pour faire entrer l’assemblée dans l’expérience de la rencontre, à
travers la liturgie.
Il faut que ce soit beau pour obtenir la participation, mais il ne s’agit pas d’un spectacle.

Beaucoup ne communieront pas. On peut chercher une autre raison pour créer un
déplacement, en n’oubliant pas qu’il faudra de la place ! Souvent, les adultes répugnent à bouger, se déplacer. Mais s’il s’agit d’accompagner leurs enfants, c’est différent !
Trouver un fil rouge qui fasse passer insensiblement d’un acte à un autre et qui permettra de faire des choix. En se référant à la lettre de notre Evêque pour la rentrée, on peut imaginer de choisir le thème de la solidarité.
Noël est le temps de la joie, attention de ne pas rentrer dans la tristesse du monde.
La souffrance est là, mais on peut la voir du point de vue de ceux qui la soulagent. Avoir un regard positif : « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique ».
Trouver quelque chose que chacun puisse apporter à ceux qui ne sont pas venus. Exemple : le pain béni se distribue deux parts par personne, une pour soi, une autre pour donner, une carte un signet.
Attention à ne pas penser cette messe comme une messe « pour les enfants », mais bien comme une messe inter-générationnelle.
Avoir une attention toute spéciale pour ceux qui risquent de repartir chez eux tout seuls.

5- Conclusion

La veillée de Noël rentre dans un ensemble : le temps de Noël qui a été préparé par l’Avent.
Elle marque donc le début d’un temps et en même temps, c’est le moment unique où un certain nombre de personnes vont entendre le message de la Bonne Nouvelle : le désir de Dieu est de donner le Salut à tout homme par le Christ…
C’est pourquoi c’est une des célébrations les plus dures à préparer… (bien plus que la Vigile de Pâques !)

 avec souvent peu de moyens humains…

 En tenant plein de réalités en même temps : l’attention à ceux qui viennent
irrégulièrement, le sens théologique de la fête, une liturgie belle avec peu de
moyens…
Mais l’enjeu pastoral est majeur ; cela vaut donc la peine de la préparer avec soin.
Bon courage !

Père Stanislas

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