Frère Hubert-Louis de Goy, frère missionnaire des Campagnes,
décédé le samedi 17 août 2019 dans sa 96ème année.

La célébration religieuse a eu lieu en l’église Notre Dame de Lorris,
jeudi 22 août 2019 à 14h30.

Parcours de vie, de frère Hubert-Louis DE GOY

Frère Hubert-Louis est né en 1924 à Nevers ; le quatrième de la famille. Son père, plusieurs fois blessé à la guerre décèdera quelques semaines après sa naissance.

Frère Hubert-Louis de GOY

Des problèmes de santé vont le toucher très rapidement et le poursuivront tout le long de sa vie, l’obligeant à s’arrêter des mois durant.

C’est en 1945 à 21 ans, qu’il entre au noviciat des Frères Missionnaires des Campagnes où son frère ainé, Pierre, l’avait précédé dès 1943 au tout début de la Congrégation des frères des campagnes. Il fait ses études chez les dominicains, et fait sa Profession perpétuelle en octobre 1949. Après plusieurs temps de repos-convalescence, il poursuit ses études chez les Oratoriens. Il est ordonné prêtre en 1952.

Il est chargé d’accompagner les frères étudiants en philosophie, et, selon son expression, « j’apprends plus que je ne donne en enseignant spiritualité et Pères de l’Église ».

Mais la fatigue l’oblige à s’arrêter de nouveau. Il rejoint la Communauté de Canappeville puis le Neubourg dans l’Eure, où il fait du défrichage et quelques autres services, avant de reprendre du service paroissial. Un an dans l’Aisne comme aide-jardinier avant de rejoindre la communauté de la Drôme à La Motte Chalancon en 1972. Il y restera jusqu’en 1987. Une région qui le marquera beaucoup. En 1987, il rejoint Montricoux dans le Tarn et Garonne, avec pour mission le soutien de la communauté paroissiale et la préparation de l’avenir pour les petits villages. Une responsabilité de curé et de responsable de la communauté qui lui pèsent et le « désinstallent » en même temps.

C’est en 2003 qu’il rejoint la communauté des Frères Ainés à Lorris, assurant une présence fraternelle et priante, selon les moyens de chacun et rendant quelques services dans les communautés chrétiennes voisines. Et en octobre 2018, il y a 10 mois, il rejoint la « Maison d’Emilie » (EHPAD de Lorris), accompagnant le Frère Marius Aubry. Il partage la vie des pensionnaires, y compris le scrabble, et selon ses propres mots, « attendant la rencontre redoutable et pleine de miséricorde avec Celui qui nous aime tant qu’il veut nous faire aimer comme lui. » Depuis quelques semaines, on le sentait souffrant mais il faisait face . Hospitalisé à Gien vendredi soir, il nous a quittés le lendemain soir.

Avec sa modestie, son écoute de l’autre, sa profondeur, il avait une place très importante dans la communauté.

(Frère Michel)

Homélie.

( Jn 3,14.16-20) ( Luc 12,35-38.40)

Il y a quelques années, aux obsèques de l’un de nos frères, j’étais assis dans l’église à côté de frère Hubert-Louis ; et à un moment, je l’entends dire : « Il a de la chance lui ! » J’ai été assez étonné, mais j’ai alors pensé que notre frère espérait que vienne assez vite cette rencontre qu’il qualifie lui-même de « redoutable et pleine de miséricorde avec Celui qui nous aime tant. » Il a vécu maintenant cette rencontre et il peut contempler dans le face à face, ce Père aimant et plein de miséricorde.

« Restez en tenue de service, »

Nous avons rappelé tout à l’heure que frère Hubert-Louis a connu la fatigue, au point d’interrompre études et activités pastorales. A plusieurs reprises, il a dû prendre de longs moments de repos.

Mais notre frère n’était pas du genre à rester sans rien faire, alors il se met au travail manuel, parce que disait-il : « parfois je ne peux rien faire d’autre ». Je pense que dans les prieurés où il est passé, presque toujours, c’est lui qui a travaillé le jardin et qui en a cuisiné la production. Nous avons pu le voir dans ces dernières années, c’était parfois à la limite de ses forces physiques.

« Heureux ces serviteurs-là que le maître, à son arrivée, trouvera en train de veiller… c’est lui qui les fera prendre place à table et passera pour les servir. »

Celui qui est venu se faire Serviteur vient accueillir ceux qui, tout au long de leur vie ont servi Dieu en prenant soin de leurs frères.

Frère Hubert-Louis a servi les autres , physiquement… manuellement. Il les a servis aussi spirituellement.

Frère Hubert-Louis état un homme d’écoute. Écoute de la Parole de Dieu….. Écoute des autres.

C’est pour cela qu’il lui a été demandé d’accompagner des communautés, des Frères, des Sœurs, des laïcs, divers groupes de Chrétiens, dont tout récemment à Lorris les équipes du Rosaire.

Homme d’écoute, il a intériorisé la Parole de Dieu et la parole des autres ; aussi ses prises de parole étaient éclairantes et toujours appréciées.

Frère Hubert-Louis de GOY

Cet accompagnement, il l’a vécu dans l’humilité que nous lui connaissons. Une humilité réaliste, pleine de bon sens. Quand on lui demande d’enseigner aux frères étudiants, la spiritualité et les Pères de l’Église, il écrit : « Enseigner permet d’abord d’apprendre… J’apprends plus que je donne ».

Sur le plateau du Neubourg dans l’Eure, frère Hubert-Louis commence une responsabilité pastorale que la fatigue lui fera arrêter trop vite. Mais il accompagne des équipes d’ACGF, l’Action Catholique des Femmes. Il écrit : « des équipes de grande qualité qui m’aident à mûrir et à m’ouvrir, en particulier à la situation des femmes dans la société et dans l’Église ».

« Je ne suis pas fait pour diriger » écrit-il encore. Et c’est heureux! Alors, il poursuit : « Ce m’est une grande joie d’être avec un peuple, d’avancer avec des Chrétiens qui ont conscience d’être l’Église, en ce temps du Concile ».

Un homme de foi qui sait voir l’Esprit à l’œuvre dans la vie de l’Église, et qui rend grâce à Dieu.

La foi de frère Hubert-Louis, c’est dans la vie ordinaire et quotidienne, la certitude d’être aimé de Dieu, même s’il reconnaît que c’est toujours à commencer et à recommencer : « En toutes circonstances, il est possible, sinon d’aimer vraiment, du moins de commencer à aimer. » C’est de cette manière que notre frère a vécu la parole de la lettre de saint Jean : 

« n’aimons pas en paroles ni par des discours, mais par des actes et en vérité. »

Notre frère a fait profession de suivre Jésus. Il l’a contemplé dans sa Parole et dans sa vie : « Voici comment nous avons reconnu l’amour : lui, Jésus, a donné sa vie pour nous. Nous aussi, nous devons donner notre vie pour nos frères. »

Nous avons pu parfois nous agacer quand frère Hubert-Louis parlait de ses limites, de ses incompétences. Il a fait maintenant la rencontre avec Dieu dont saint Jean nous dit qu’il apaise notre cœur ; 

«  car si notre cœur nous accuse, Dieu est plus grand que notre cœur, et il connaît toutes choses. »

Nous sommes là pour remettre la vie de frère Hubert-Louis entre les mains de Dieu, notre Père, pour rendre grâces pour tout ce qu’il fait de bon. Que nous sachions suivre l’exemple qu’il nous donne.

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Notre Dame de Lorris

Je vous livre encore une de ses belles paroles : « Dieu nous aime tellement qu’il veut nous faire aimer comme lui ».

(Frère Paul)

Témoignage de l’équipe du Rosaire de Lorris

Nous voulons remercier le Seigneur et la Vierge Marie pour Frère Hubert-Louis qui nous a accompagnés pendant de nombreuses années lors de nos réunions du Rosaire. Grace à ses commentaires et à sa présence toujours attentive et bienveillante, nous avons pu le découvrir un peu mieux , à chaque rencontre, les projets de Dieu dans nos vies sous la protection de Marie.