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Méditation de l’évangile du 3ème dimanche de Carême du 7 mars par le P.Xavier Guermonprez
Après l’heure de la vision réconfortante de la nature divine de Jésus-Christ, voici l’heure plus éprouvante de la confrontation humaine! Dimanche dernier nous écoutions l’Évangile de la Transfiguration dans saint-Marc, ce dimanche nous écouterons celui de l’expulsion des marchands du Temple dans saint-Jean. Il n’y a pas forcément de suite logique, mais une mise en perspective entre le « Fils bien-aimé » rayonnant l’Amour du Père, et Jésus le Nazaréen passionné pour la Maison du Père…
INTRODUCTION:
Jésus est un passionné! passionné pour l’être humain dans sa relation à l’être divin… Il regarde au-delà des obligations et des conventions, il ne se prête pas aux attitudes déshumanisantes, il n’écoute pas les lois inhumaines, il ne s’arrête pas à l’admiration des ors du Temple… Il connaît de l’intérieur le cœur humain, et il reste baigné dans le cœur divin! Alors il ne peut pas s’empêcher de parler, d’expliquer, de guider et d’encourager à regarder Dieu comme lui! Toutes ses paroles et tous ses gestes veulent dévoiler la volonté de Dieu, faire comprendre aux plus petits le vrai sens de l’Alliance
La passion peut provoquer la Passion, et c’est le cas de Jésus-Christ… Il n’a pas hésité à s’engager pour les plus pauvres et les rejetés, il a placé la sincère liberté des disciples au-dessus de l’hypocrite obéissance des Pharisiens, il s’est affronté aux prêtres du Temple pour dépoussiérer les Écritures… Il s’est aussi passionné pour ses disciples: il s’est inquiété de la faiblesse de leur foi, il a prié pour leur unité naissante, il a pleuré pour son ami Lazare, il a voulu leur donner jusqu’à sa vie… Il a finalement enduré la Passion: l’arrestation déshonorante, les compromissions des juges, la condamnation injuste, les quolibets méprisables, le poids écrasant de la croix, et le grand passage de la mort! Il est allé jusqu’au bout de cette logique du don, dans laquelle il s’est sans cesse reçu de l’Amour du Père, donc contre toute logique de remboursement ou de rendement!
Cette confrontation dans le Temple, du Messie avec les marchands et les Juifs, résume et prédit les événements à venir dans la vie de Jésus, et dans celle des témoins de cette scène! Mais ne sommes-nous pas, nous aussi, par notre lecture attentive, des témoins?
PRIÈRE à l’Esprit Saint du Cardinal Verdier :
Ô Esprit Saint, amour du Père et du Fils,
Inspirez-moi toujours ce que je dois penser,
Ce que je dois dire, comment je dois le dire,
Ce que dois écrire, comment je dois agir,
Ce que je dois faire pour procurer votre gloire,
Le bien des âmes et ma propre sanctification.
Ô Jésus, toute ma confiance est en vous.
PRIÈRE des Dominicaines d’Estavayer :
Cher Esprit Saint,
me voici devant toi pour me laisser modeler,
pour me laisser conduire, pour me laisser aimer.
Accueille l’offrande de tout mon être
et fais-moi la grâce de t’aimer chaque jour davantage.
Apprends-moi à me laisser faire par toi en toute chose,
à ne pas mépriser tes inspirations, à ne pas te résister.
Que cette prière faite en ce jour soit le début
d’une intimité nouvelle avec toi.
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean. (Jn 2,13-25)
Comme la Pâque juive était proche, Jésus monta à Jérusalem. Dans le Temple, il trouva installés les marchands de bœufs, de brebis et de colombes, et les changeurs. Il fit un fouet avec des cordes, et les chassa tous du Temple, ainsi que les brebis et les bœufs; il jeta par terre la monnaie des changeurs, renversa leurs comptoirs, et dit aux marchands de colombes: «Enlevez cela d’ici. Cessez de faire de la maison de mon Père une maison de commerce.»
Ses disciples se rappelèrent qu’il est écrit: L’amour de ta maison fera mon tourment. Des Juifs l’interpellèrent: «Quel signe peux-tu nous donner pour agir ainsi?» Jésus leur répondit: «Détruisez ce sanctuaire, et en trois jours je le relèverai.» Les Juifs lui répliquèrent: «Il a fallu quarante-six ans pour bâtir ce sanctuaire, et toi, en trois jours tu le relèverais!» Mais lui parlait du sanctuaire de son corps.
Aussi, quand il se réveilla d’entre les morts, ses disciples se rappelèrent qu’il avait dit cela; ils crurent à l’Écriture et à la parole que Jésus avait dite. Pendant qu’il était à Jérusalem pour la fête de la Pâque, beaucoup crurent en son nom, à la vue des signes qu’il accomplissait. Jésus, lui, ne se fiait pas à eux, parce qu’il les connaissait tous et n’avait besoin d’aucun témoignage sur l’homme; lui-même, en effet, connaissait ce qu’il y a dans l’homme.
COMMENTAIRE :
Il est bien clair que Jésus dénonce la marchandisation des « hosties pour l’holocauste » (autrement dit des victimes désignées pour être sacrifiées en réparation des péchés)! Au départ il y a longtemps, il s’agissait d’une offrande de libre reconnaissance envers Dieu (voir par exemple Lévitique 6). On peut dire en passant que cette offrande signifiait pour une part la compensation espérée des péchés commis, et pour une autre part l’action de grâces pour les dons reçus de Dieu (notamment la vie). Mais on peut imaginer qu’avec le temps et la répartition des métiers, il s’est avéré plus simple pour les pèlerins d’acheter sur place les animaux à offrir. Jésus ne conteste pas forcément cette forme d’organisation; son action est politique! Peu avant en effet, le roi Hérode a commencé la reconstruction du Temple de Jérusalem, et augmenté l’impôt que chacun devait verser au Temple. Jésus se positionne donc contre cette loi qui était probablement mal acceptée, et qui surtout écartait les pèlerins les plus modestes! Ajoutons à cela que Jésus voyait beaucoup de défauts à l’argent trompeur
Nous sommes dans le chapitre 2 de l’Évangile de saint Jean! Cet épisode de la « Purification du Temple » résonne donc comme un blason ou un brevet qui donne un axe à cet Évangile! Le père Yves-Marie BLANCHARD, professeur d’exégèse émérite, appelle cet épisode « le deuxième signe de Cana » (le premier étant la transformation des 600 litres d’eau en vin pour les noces), comme une façon de nous inviter à regarder cette action énergique de Jésus comme un acte prophétique… «Détruisez ce sanctuaire, et en trois jours je le relèverai»: L’expulsion des marchands du Temple arrive donc comme un événement d’importance, dès le début de la mission de Jésus, pour annoncer à mots couverts le nouveau Temple que constituera le Corps du Christ, l’Église… Si la Transfiguration nous appelait dimanche dernier à converger notre regard vers la Lumière divine, l’expulsion de ce dimanche nous appelle à « larguer les amarres » du premier Temple qui doit disparaître dans la finitude de cette vie.
Du coup arrive naturellement la question: pourquoi lire ce texte pendant le Carême? La première lecture fait référence à l’Exode, chemin de difficile exil à travers le désert, mais accompagné par l’Amour inconditionnel de Dieu… Chaque carême nous fait vivre un petit exode, un passage vers la Lumière de l’Esprit; et comme point de départ la nécessité de quitter les fausses sécurités de l’argent ou des ornements étincelants ou des constructions imposantes… Au moment de démarrer, nous faisons encore et encore l’expérience des lenteurs, des réticences, des regrets, des tentations de revenir en arrière, etc. Avec son exigence, Jésus nous motive à poursuivre notre recherche du nouveau Temple spirituel, formé par l’Église des disciples de la nouvelle Alliance… Il nous fait avancer dans un pèlerinage intérieur, à travers méditations et relectures, associé à un autre pèlerinage à la rencontre du frère humain, pour peu à peu donner « chair », consistance au cœur de chacun, à cette Alliance promise!
Jésus serait-il violent avec le fouet et le renversement des comptoirs? Beaucoup de lecteurs le soulignent, mais cette interprétation me dérange, du fait que la paix est une signature du Christ! « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix; ce n’est pas à la manière du monde que je vous la donne. Que votre cœur ne soit pas bouleversé ni effrayé. Vous avez entendu ce que je vous ai dit: Je m’en vais, et je reviens vers vous. Si vous m’aimiez, vous seriez dans la joie puisque je pars vers le Père, car le Père est plus grand que moi.» (Jn 14,27-28) La violence destructrice résulte de l’énergie mal canalisée, mais pour moi Jésus-Christ canalise son énergie vers de don de l’Esprit de vérité et de paix. Cette énergie doit être mise en œuvre pour s’opposer aux forces contraires à l’Exode (conservatisme, autocongratulation, égoïsme, soif de pouvoir ou de jouissance, exclusion et rejet des différences, etc.) Mais pour moi Jésus ne l’exerce pas dans l’objectif d’une destruction qui ferait du mal aux humains, plutôt dans le sens d’une réorientation de la religion, une dépossession de tout ce qui ne serait pas accordé à l’Esprit de Dieu, une « purification ».
Jésus nous apprend ainsi à aimer en vérité, c’est-à-dire à aimer ni trop peu ni trop fort! à ne pas abandonner ni accaparer… à fuir le zèle jaloux des Pharisiens, tout en recherchant avec respect l’âme du monde, l’Église-« Temple de l’Esprit »… Ne nous attachons donc pas au bâtiment en tant que tel, mais à la prière, à la relation à Dieu qui est suggérée par sa beauté… Saint Jean dans son Évangile ne décrit pas la scène dans laquelle Jésus est transfiguré (comme les 3 autres Évangiles), mais il met constamment en scène l’autorité divine de Jésus, jusqu’à « la gloire de la croix »… La Gloire du Christ se cache derrière l’humilité du Maître-Serviteur, et se révèle dans le don qu’il fait de toute sa vie pour nous ramener à Dieu!
Finalement, Jésus ne nous rappelle-t-il pas que notre tâche vitale consiste à rendre grâce? c’est-à-dire redonner la Grâce reçue? autrement dit qu’à travers les joies et les contrariétés de cette vie éphémère, tout notre être est appelé à revenir vers la Lumière de Dieu?
NOTA: «L’amour de ta maison fera mon tourment» fait référence au Psaume 68(69),10, sans le citer de façon exacte. Les croyants à l’époque de Jésus citaient les textes de mémoire, et parfois mélangeaient entre la transmission orale et les Écritures! Le psaume 68,10 dit: «L’amour que j’ai pour ta maison est en moi comme un feu qui me consume, et les insultes des hommes qui t’insultent sont retombées sur moi.» (traduction de la Bible de Jérusalem)
NOTE HISTORIQUE :
La fête juive de Hanouka tire son origine de la restauration et de l’inauguration du temple de Jérusalem pendant la révolte des Maccabées contre l’occupation grecque qui voulait réformer la religion juive locale, vers l’an 165 avant J-C. Aujourd’hui le temple n’existe plus, donc cette fête se célèbre surtout à la maison, et allume notamment les bougies du candélabre ou menorah, chandelier à 9 branches.
Une prière est dite pendant le rituel de l’allumage du candélabre: «Nous allumons ces lumières pour [commémorer] les actes de rédemption, les miracles et les merveilles que Tu as accomplis pour nos ancêtres, en ces jours et à cette époque, à travers Tes saints prêtres. Et durant les huits jours de ‘Hanouka, ces lumières sont sacrées, et nous n’avons pas le droit d’en faire usage, mais seulement de les observer, afin de rendre hommage et louer Ton saint Nom, pour Tes miracles, pour Tes merveilles et pour Tes actes de rédemption.»
La prochaine Hanouka est prévue du dimanche 18 décembre 2022 au soir, au lundi 26 décembre 2022.
Plus de renseignements sur la page internet: https://icalendrier.fr/religion/fetes-juives/hanouka
Vous pouvez aussi écouter la prière chantée (sur un air populaire): https://fr.chabad.org/multimedia/media_cdo/aid/763960/jewish/Hanrot-Halalou.htm
INTENTIONS DE PRIÈRE tirées de l’actualité :
– pour la Birmanie, qui connaît une recrudescence de violence dans l’opposition des revendications;
– pour l’Irak, qui se prépare à recevoir la visite de notre pape François, dans le contexte de religions diverses et parfois divisées;
– pour les victimes de catastrophes naturelles, qui doivent assumer les reconstructions en plus de la crise économique et sanitaire;
– pour les résident(e)s des EHPAD, dont certains vont revoir leur famille pour la première fois depuis un an;
– pour les étudiants et les jeunes professionnels, qui aspirent à prendre une place active dans notre société;
– pour les partenaires du C.C.F.D., qui poursuivent des projets d’entraide malgré les difficultés engendrées par la crise mondiale.
PICTURE-07 Frère Roger (à l’état civil Roger Schütz), né le 12 mai 1915 à Provence (Vaud, Suisse) et mort assassiné le 16 août 2005 à Taizé (Saône-et-Loire, France), religieux suisse, fondateur de la Communauté de Taizé.
PRIÈRE du frère Roger :
Toi le Ressuscité comme un pauvre qui ne veut pas s’imposer,
Tu accompagnes chacun sans forcer l’entrée de notre cœur.
Tu es là, Tu offres Ta confiance, Tu ne délaisses personne,
même quand les profondeurs crient de solitude.
Pour T’accueillir nous avons besoin de guérison.
Pour Te reconnaître, il importe que nous prenions le risque
de refaire à tout moment le choix de Te suivre.
Sans ce choix, à chaque fois radical, nous nous traînons.
Te choisir, c’est T’entendre nous dire:
« Toi, m’aimes-tu plus que tout autre? »
Ainsi-soit-il!»
Frère Roger de Taizé (1915-2005)
HYMNE :
Sois fort, sois fidèle, Israël
Dieu te mène au désert;
C’est lui dont le bras souverain
Ouvrit dans la mer
Un chemin sous tes pas.
Oublie les soutiens du passé,
En lui seul ton appui!
C’est lui comme un feu dévorant
Qui veut aujourd’hui
Ce creuset pour ta foi.
Il veut par-delà le désert,
Te conduire au repos;
Sur toi resplendit à ses yeux
Le sang de l’Agneau
Immolé dans la nuit.
Poursuis ton exode, Israël,
Marche encor vers ta joie!
La vie jaillira de la mort,
Dieu passe avec toi
Et t’arrache à la nuit.
Hymne pour la liturgie des heures créée en 1973 par sœur Marie-Pierre, cistercienne.
©CNPL
Version chantée par les moines de l’abbaye d’En Calcat: https://www.youtube.com/watch?v=3oPUiFzw0D8
J’ai trouvé par hasard un livret spirituel du C.C.F.D. pour méditer pendant ce Carême. Je vous en communique l’adresse: https://ccfd-terresolidaire.org/IMG/pdf/livret_spirituel_careme_2021__nous_habitons_tous_la_meme_maison_.pdf
Et rappelons-nous que le C.C.F.D. est sollicité et recommandé par les évêques de France pour organiser la campagne de solidarité pendant le Carême… Si vous voulez faire un don en ligne, ce lien peut vous éviter de chercher: https://soutenir.ccfd-terresolidaire.org/b/mon-don?_ga=2.104055232.1343010631.1614867183-1520521588.1614867183
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