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Méditation de l’évangile du 1er dimanche de Carême 21 février par le P. Xavier Guermonprez

Nous voici arrivés au premier dimanche de Carême!

– Quoi déjà? C’était hier Noël…
– Ah enfin quelque chose qui change!
– Encore? on l’a déjà fait l’année dernière!
– On n’a pas assez de difficultés pour s’en ajouter?!?
– Merci un moment favorable pour revenir vers Dieu…
– Pourvu que je sache nettoyer le cœur cette fois!
La liste de nos réactions serait sûrement longue, alors ne jouons pas les anges, et accueillons, dans la pauvreté de notre quotidien bouleversé, cette Alliance que Dieu nous propose de renouveler avec Lui!

Au sommaire:
– introduction;
– prière;
– texte « Quarante »;
– texte de l’Évangile;
– commentaire;
– mais qui est donc Satan??
– quelques idées de carême??
– prière.

INTRODUCTION:

Le récit du passage de Jésus par le désert est le plus court dans l’Évangile de saint Marc. Saint Matthieu et saint Luc ont trouvé matière à lui donner plus de consistance… Le style rapide de saint Marc nous présente quand même cet épisode comme une nécessité! Jésus, sitôt le baptême accompli, est « projeté » dans le désert par la force de l’Esprit de Dieu. Là il vit des tentations que saint Marc ne précise pas, mais est accompagné par les messagers de Dieu. On pourrait voir cet épisode comme une parenthèse entre le baptême et la mission dans les versets qui suivent… On pourrait le voir aussi comme un temps de discernement de l’appel de Dieu…

PRIÈRE de Béatrice Gahima: Cheminer vers Toi, Seigneur

Cheminer…
Vers Toi…
Seigneur…
Comment choisir dans mon aujourd’hui
Ce qui me rapproche de Toi
Sans m’éloigner de mes frères?

Longtemps, j’ai cherché et tergiversé
Jusqu’à ce que je comprenne
Que la meilleure part,
C’est de venir vers Toi, Seigneur
Et de déposer ma vie à tes pieds.

Venir vers Toi, Seigneur,
Non pour laisser à d’autres les tâches quotidiennes
Non comme on abandonne avant de s’être battu
Mais pour puiser à la source de ta Parole
La force d’œuvrer dans le champ de la Vie.

Venir vers Toi, Seigneur,
Non pour fuir la dure réalité
Non comme on renonce à prendre sa part
Mais pour puiser à l’ombre de tes bras
La tendresse dont ont soif mes frères.

Venir vers Toi, Seigneur,
Pour t’écouter, te contempler, te louer,
Pour enfin consentir à me laisser aimer par Toi
A lâcher priser, à tout t’abandonner
Car Toi seul peux féconder ma vie.

QUARANTE… un chiffre plein d’espérance !

Quarante jours de déluge (Gn 7,17)
Quarante ans, l’âge d’Isaac au jour de son mariage avec Rebecca (Gn 25,20)
Quarante ans, l’âge de Josué lorsqu’il fut envoyé par Moïse en mission (Jos 14,7)
Quarante jours de funérailles pour Jacob (Gn 50,3)
Quarante ans de règne du Roi David et du Roi Salomon (1 R 2,11 et 2 Ch 9,30)
Quarante jours et nuits de Moïse sur la montagne recevant les tables de la Loi (Ex 24,18 et Dt 9, 9-25)
Quarante jours et nuits de marche pour Élie (1 R 19,8)
Quarante ans de marche du peuple hébreu au désert guidé par Dieu afin qu’il ne manque de rien (Dt 2,7)
Quarante jours de Jésus au désert (Mc 1,12)
(…)

Et nous ?

Quarante occasions de poser un regard d’amour
autour de nous, vers nos sœurs et frères malades,
démunis, délaissés, rejetés…

Quarante sourires d’encouragement
pour nos jeunes confrontés à des choix de vie,
d’études, d’engagement professionnel…

Quarante mots de soutien
dans les moments difficiles du quotidien…

Quarante attitudes d’écoute
de celles et ceux qui pensent différemment de nous…

Quarante gestes de tendresse
envers mon épouse, mon mari…

Quarante minutes par jour pour m’asseoir,
faire le point dans ma vie, prier, méditer,
lire un texte de la Parole de Dieu…

Quarante jours pour me laisser transformer
dans le cœur par Jésus…

Quarante jours pour poser un geste de réconciliation
envers une personne que j’ai blessée ou qui m’a blessé…

Quarante jours pour encore mieux me découvrir
dans les talents que Dieu a gravés
au plus intime de mon être…

Bon chemin vers Pâques!

Christian Rodembourg, MSA, Québec, Canada.

«Le Christ dans le désert», Ivan Kramskoï, 1872, Moscou, galerie Tretiakov (Wikipedia).

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc. (Mc 1,12-15)

Jésus venait d’être baptisé. Aussitôt l’Esprit le pousse au désert et, dans le désert, il resta quarante jours, tenté par Satan. Il vivait parmi les bêtes sauvages, et les anges le servaient.

Après l’arrestation de Jean, Jésus partit pour la Galilée proclamer l’Évangile de Dieu; il disait: «Les temps sont accomplis: le règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à l’Évangile.»

Photographie d’une partie du désert de Judée (zone désertique entre Jérusalem et Jéricho qui borde le Jourdain), un jour de printemps 2020. Ce désert, agrémenté de quelques plantes grasses et animaux sauvages, fut un lieu de passage fréquenté par le sentier qui le traverse, mais aussi un lieu de solitude.


COMMENTAIRE:

Le désert, un lieu d’affrontement de la vie:
On ne va pas au désert pour y trouver de la nourriture! Derrière cette évidence se dessine un affrontement entre les conditions extrêmes de sécheresse et de températures insupportables, et la vie qui cherche malgré tout à s’insérer partout! Le désert n’est pas un lieu où l’on désire passer sa vie! Il reste un lieu hostile, et donc éprouvant: passer du temps gratuit dans le désert n’est pas naturel. On y expérimente les besoins du corps, le manque, la chaleur, l’hostilité du vent même. Et on y cherche le moindre signe vital, comme une source cachée…
Jésus savait qu’il jeûnerait dans le désert, puisqu’il n’y a rien à manger! Mais le texte ne fait pas de ce jeûne un objectif; au contraire il souligne la confrontation entre le mal (« Satan » le Tentateur) et le bien (les « anges » serviteurs). Le jeûne, dont Jésus parlera dans Mt 6,1-18, m’apparaît implicitement comme un moyen de subsister quelque temps dans ce lieu inhospitalier.
Pour nous aujourd’hui, pas ou peu de désert! Il nous faut presque le créer dans notre quotidien! Le jeûne également n’est pas possible pour tout le monde… Mais nous pouvons tous chercher d’autres idées de privation: non pas se priver pour se congratuler d’un effort personnel, mais se priver pour (re)donner du sens à sa relation à Dieu et aux autres… Se libérer du temps pour la gratuité de la prière ou du service des autres. Se libérer l’esprit pour mieux écouter son environnement. Se libérer de certaines habitudes trop contraignantes…

Le désert, un lieu de recherche spirituelle:
Si l’on se sent attiré par le désert, ce peut être pour l’espace qu’il offre! Espace de réflexion sur la nature et sur le mouvement de la vie. Espace de rareté, où l’on se prend à guetter le moindre signe de subsistance ou de bienveillance… Espace de confrontation à soi-même, à ses besoins et à ses renoncements, retrouvant ainsi le goût de l’essentiel… Espace de simplicité, où l’on accueille plus volontiers les petites joies offertes (un bruit lointain par exemple). Espace de prière dans toutes ses formes (merci, pardon, s’il-te-plaît).
Il est bon de traverser de temps en temps un désert -où qu’il soit- pour réveiller en soi la dimension spirituelle! Un moment de méditation silencieuse constituerait déjà un petit désert… ou un coin-prière réunissant une icône ou une statue à quelques rameaux naturels…

Le désert un lieu d’écoute de Dieu!
Le mot « désert » en hébreu signifie aussi « lieu de la parole »! Imaginez le désert comme un lieu de résonance de la Parole de Dieu! Libéré des objets inutiles et des projets de loisir, l’esprit se concentre mieux sur l’essentiel. On se sent mieux porté à méditer, relire sa vie, appréhender la nature, évaluer l’histoire humaine…
Un séjour au désert peut préparer quelqu’un à trouver sa vocation propre. Il lui redonne l’élan du partage, du témoignage, du rayonnement… Dans la diversité des caractères, chacun peut se sentir inspiré à communier, guider, servir, défendre la justice, célébrer, pacifier, intercéder, compatir, embellir, etc.
Pourquoi pas prendre un peu plus de temps, par exemple le matin avant de commencer la journée, pour prier, relire un texte de la Bible ou les textes du jour (aelf.org), ou simplement faire le vide en soi? Pourquoi pas arrêter quelques jours certains fonds sonores non nécessaires, ou certaines occupations envahissantes? À vivre dans la souplesse quand même!

Le désert, un lieu de solidarité:
Combien de touristes ont été profondément émus par l’accueil simple et chaleureux de Touaregs ou de Palestiniens? Paradoxalement, le désert -dépouillé de tout, même de l’essentiel- engendre des mouvements d’entraide et d’accueil! comme une solidarité de la vie pour résister à son environnement hostile… On se met à comprendre celui qui a soif! On se souvient de la fatigue de la chaleur! On veut éviter de recommencer la même erreur de perdre l’orientation! On devine que l’autre a besoin de soutien et parfois de réconfort…
Mais il y a des déserts plus proches de nous: des lits d’hôpitaux qui paraissent interminables! des immobilités subies, par accident ou opération, qui empêchent de faire des gestes nécessaires (les courses peut-être?); des pauvretés qui gênent la rencontre; des solitudes aussi… Pourquoi pas chercher quelques occasions d’aider pendant ces jours de carême? Et même si on rate son but, on aura au moins essayé: la vie est composée de beaucoup d’essais infructueux!

La surprise d’une fleur dans le désert du Néguev, comme un miracle de vie jaillissant là même où elle n’est pas possible!


MAIS QUI EST DONC SATAN ??

Le nom «satan» apparaît d’abord dans la langue hébraïque de la Bible (Ancien-Testament). Il est manifestement relié au verbe « satan », mais la signification exacte de ce verbe est problématique car sa racine n’a pas d’équivalent dans les langues sémitiques antérieures ou contemporaines de l’hébreu biblique. On ne peut donc cerner sa signification qu’à partir des textes dans la Bible qui emploient cette racine (« SaTaN »)! On peut ainsi le plus souvent le traduire par «être un adversaire» ou «accuser», avec la nuance de «diffamer». Des tentatives ont été faites pour le rapprocher d’autres racines connues, aboutissant à des connotations comme «dévier, trahir» ou «s’écarter».

Voici un diaporama qui peut introduire au carême, à partir du chant « Revenez à moi » (1mn22): https://www.youtube.com/watch?v=b-h8WnfksZQ

Voici aussi quelques explications simples sur le carême (5mn20): https://www.youtube.com/watch?v=Iuthl-rEfFM

Ou encore un chant méditatif des sœurs bénédictines de Prailles, « Quitte ! » (8 mn): https://www.youtube.com/watch?v=d9ZWGhH72yA

Bon carême !

«Il faut manger pour vivre et non pas vivre pour manger.» (Molière)