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Commentaire de l’évangile de Noël par le P. Xavier Guermonprez
Bonjour à tous. Un peu en anticipation, je vous propose l’Évangile de la Nativité, afin que vous ayez le temps de le méditer un peu avant la messe de cette nuit… Mais bien sûr vous aurez tout le « temps de Noël » (jusqu’au 10 janvier, fête du baptême du Christ) pour le faire! J’en profite pour vous présenter mes vœux les meilleurs… de bonne fin d’Avent!
Au sommaire:
– Prière de Laurence pour Noël;
– Évangile de la Nativité;
– Commentaire;
– Commentaire d’Évelyne Montigny: pourquoi on appelle Jésus «Sauveur»;
– Vœu de mgr Olivier de Germay;
– Quelques idées pour accueillir Noël en se détendant…

Prière pour Noël de Laurence Moniotte (14 ans) et sa maman:
Regardez là-haut !!!
Quelle est cette étrange lueur ?
Dans cette nuit pleine de douceur,
Une étoile au ciel brille, plus haut que les autres,
Une étoile, qui, de sa clarté
Illumine le chemin.
La route de Lumière
Nous mène à une crèche
Et là, dans la paille
Repose un nouveau-né.
Regardez-le, ce tout petit
Aussi innocent que l’agneau qui vient de naître,
Aussi fragile que la rose qui fleurit à l’aurore,
Ce bambin tout petit,
C’est Dieu qui vient sur terre
Sous les traits d’un petit être assoiffé d’amour.
Si petit sur un tas de paille, et pourtant, son passage
Changera le cœur des hommes.
Messager d’amour
Qui laissera se graine dans le cœur
De ceux qui veulent bien l’accueillir.
Laissez les peurs s’envoler de vos esprits
Ouvrez vos coeurs et vos mains à Dieu,
Car c’est lui qui vient en esprit et en corps
Laissez-vous envahir par son soleil et guider par son Amour.
Ce bébé si petit au creux des mains de Marie,
Bercé avec tant de douceur et de simplicité
Apporte l’espoir à tous ainsi que
Sa paix et sa joie
Jésus vient nous sauver.

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc. (Lc 2,1-20)
En ces jours-là, parut un édit de l’empereur Auguste, ordonnant de recenser toute la terre –ce premier recensement eut lieu lorsque Quirinius était gouverneur de Syrie. Et tous allaient se faire recenser, chacun dans sa ville d’origine. Joseph, lui aussi, monta de Galilée, depuis la ville de Nazareth, vers la Judée, jusqu’à la ville de David appelée Bethléem. Il était en effet de la maison et de la lignée de David. Il venait se faire recenser avec Marie, qui lui avait été accordée en mariage et qui était enceinte.
Or, pendant qu’ils étaient là, le temps où elle devait enfanter fut accompli. Et elle mit au monde son fils premier-né; elle l’emmaillota et le coucha dans une mangeoire, car il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune. Dans la même région, il y avait des bergers qui vivaient dehors et passaient la nuit dans les champs pour garder leurs troupeaux. L’ange du Seigneur se présenta devant eux, et la gloire du Seigneur les enveloppa de sa lumière. Ils furent saisis d’une grande crainte. Alors l’ange leur dit: «Ne craignez pas, car voici que je vous annonce une bonne nouvelle, qui sera une grande joie pour tout le peuple: Aujourd’hui, dans la ville de David, vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur. Et voici le signe qui vous est donné: vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire.» Et soudain, il y eut avec l’ange une troupe céleste innombrable, qui louait Dieu en disant: «Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes, qu’Il aime.»
Lorsque les anges eurent quitté les bergers pour le ciel, ceux-ci se disaient entre eux: «Allons jusqu’à Bethléem pour voir ce qui est arrivé, l’événement que le Seigneur nous a fait connaître.» Ils se hâtèrent d’y aller, et ils découvrirent Marie et Joseph, avec le nouveau-né couché dans la mangeoire. Après avoir vu, ils racontèrent ce qui leur avait été annoncé au sujet de cet enfant. Et tous ceux qui entendirent s’étonnaient de ce que leur racontaient les bergers. Marie, cependant, retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur. Les bergers repartirent; ils glorifiaient et louaient Dieu pour tout ce qu’ils avaient entendu et vu, selon ce qui leur avait été annoncé.
Commentaire:
Saint Luc cherche à nous montrer, dans cette page d’Évangile, combien Jésus répond à la promesse de Dieu véhiculée par les anciens prophètes, et donc à l’attente du peuple d’Israël. Son but premier n’est pas la cohérence historique de cette scène de la Nativité, mais l’argumentation théologique pour légitimer l’œuvre de ce prophète d’abord ignoré puis contesté: Jésus de Nazareth. Bien sûr, saint Luc a déjà commencé à présenter des arguments dans les lignes précédentes (par exemple dans l’Annonciation et la Visitation), arguments qui peuvent eux aussi éclairer notre texte choisi pour cette nuit…
Premier exemple: Jésus hérite de la lignée royale de David. Le village de Bethléem fut emblématique pour les descendants du roi David, comme lieu de leur origine. Toutes proportions gardées, les rois de France ont tous fait un « pèlerinage » au château de Bourbon-l’Archambault, lieu-mémoire de leur origine bourbonnaise… Comment saint Luc aurait-il pu imaginer Jésus naissant ailleurs que dans ce village, petit par la taille mais grand par le nom? Pour le reste, les traces archéologiques et historiques sont si minces que personne ne peut pour l’instant affirmer ni infirmer cette représentation de Jésus naissant « dans la crèche »! On ne peut qu’invoquer une vieille tradition de pèlerinages chrétiens dans la basilique de la nativité à Bethléem…
Citation de Michée 5,1-4a: «Et toi, Bethléem Éphrata, le plus petit des clans de Juda, c’est de toi que sortira pour moi celui qui doit gouverner Israël. Ses origines remontent aux temps anciens, aux jours d’autrefois. Mais Dieu livrera son peuple jusqu’au jour où enfantera… celle qui doit enfanter, et ceux de ses frères qui resteront rejoindront les fils d’Israël. Il se dressera et il sera leur berger par la puissance du Seigneur, par la majesté du nom du Seigneur, son Dieu. Ils habiteront en sécurité, car désormais il sera grand jusqu’aux lointains de la terre, et lui-même, il sera la paix!»
Citation de 2Samuel 7,11c-14a: Le prophète Nathan dit au roi David: «Le Seigneur t’annonce qu’il te fera lui-même une maison. Quand tes jours seront accomplis et que tu reposeras auprès de tes pères, je te susciterai dans ta descendance un successeur, qui naîtra de toi, et je rendrai stable sa royauté. C’est lui qui bâtira une maison pour mon nom, et je rendrai stable pour toujours son trône royal. Moi, je serai pour lui un père; et lui sera pour moi un fils.»
Deuxième exemple: Jésus s’inscrit dans la pauvreté des prophètes de Dieu. Le manque de place dans la salle commune, les bergers cantonnés à l’extérieur du village, le nouveau-né couché dans la mangeoire, tout cela plaide en faveur de la pauvreté de Jésus, une pauvreté vécue depuis sa naissance! Le « Fils de l’homme » attendu était pourtant imaginé comme quelqu’un de puissant et donc riche! Cette pauvreté caractérise le choix de vie des prophètes, retirés dans le désert, concentrés à écouter la Parole de Dieu, et fidèles à accueillir sa Promesse. Saint Luc nous suggère donc, entre les lignes, le caractère éminemment prophétique de la mission de Jésus!
NOTE sur les « anawim »: Les Anawim sont les pauvres de Yahvé. Ce mot est utilisé par les prophètes (Sophonie, Amos, Psaumes, etc.) pour désigner les pauvres de Dieu, c’est-à-dire les «courbés», les «inclinés», les petits, les faibles, les humbles, les affligés, les doux. La pauvreté chez les Hébreux ne signifie pas seulement le manque de ressources matérielles, ou d’argent; elle contient l’idée de petitesse et d’abaissement et concerne aussi le caractère de la personne, son être profond de dépouillement spirituel. Les pauvres de Dieu, ce sont les petits, les faibles, les humbles, les affligés, les doux, contrairement aux riches, hautains, violents… Les anawim sont ceux qui crient vers Dieu et sont exaucés! Noël est le mystère même des anawims, c’est-à-dire de la pauvreté: Marie et Joseph ont été humiliés, et rejetés, car il n’y a pas de place dans l’auberge de Bethléem pour eux. Joseph charpentier, les bergers, tous « pauvres de Dieu », entourent la Vierge-Marie et se courbent sur la mangeoire de Jésus nouveau-né… (Extraits de la page internet: https://fr.wikipedia.org/wiki/Anawim .)
Troisième exemple: des signes prodigieux viennent confirmer le rôle sacerdotal de Jésus. La lumière céleste, le chœur des anges dans le ciel nocturne, la crainte surnaturelle des bergers, la prédiction du nouveau-né couché dans une mangeoire: tant de signes qui défient les lois naturelles ont pour but de nous annoncer l’œuvre de Dieu. Il n’y a que le Père des cieux, créateur de tout, qui puisse accomplir ces prodiges! Ces miracles ou signes veulent authentifier la relation de Jésus avec Dieu: il est le Fils bien-aimé du Père éternel! Sa mission est de renouveler l’Alliance, d’assurer la médiation entre Dieu et l’humanité, ce qui était jusqu’alors le rôle des prêtres!
Voici quelques citations choisies pour compléter:
Luc 3,22: «Toi, tu es mon Fils bien-aimé; en toi, je trouve ma joie.» (au moment du Baptême)
Luc 9,35: «Celui-ci est mon Fils, celui que j’ai choisi: écoutez-le!» (à la Transfiguration)
Luc 10,21b-22: «Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange: ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits. Oui, Père, tu l’as voulu ainsi dans ta bienveillance. Tout m’a été remis par mon Père. Personne ne connaît qui est le Fils, sinon le Père ; et personne ne connaît qui est le Père, sinon le Fils et celui à qui le Fils veut le révéler.»
Luc 22,42: «Père, si tu le veux, éloigne de moi cette coupe; cependant, que soit faite non pas ma volonté, mais la tienne.» (à Gethsémani)
Luc 22, 70-71: «Tous lui dirent alors: « Tu es donc le Fils de Dieu? » Il leur répondit: « Vous dites vous-mêmes que je le suis. » Ils dirent alors: « Pourquoi nous faut-il encore un témoignage? Nous-mêmes, nous l’avons entendu de sa bouche. »» (au procès qui le mènera à la croix)
Luc 23,46: «Père, entre tes mains je remets mon esprit.»
Vous pouvez chercher par vous-mêmes d’autres arguments: le texte de la Nativité n’est pas épuisé! Et puis Dieu ne cesse de venir à nous par la Parole de Jésus qui résonne dans le monde actuel, et Il ne cesse de nous inspirer par son Esprit-Saint!

Commentaire de l’évangile du 4è dimanche de l’Avent par le P. Xavier Guermonprez
Bonjour à tous de la part du père Xavier. Avec ce quatrième dimanche de l’Avent, voici que nous entrons dans la dernière semaine de préparation à Noël, certains diraient « dernière ligne droite », d’autres « je ne suis pas prêt »… En tout cas je trouve bienvenu que Noël n’ait pas changé de date!
AU SOMMAIRE:
– Introduction;
– Prière;
– Texte de l’Évangile;
– Commentaire;
– Intentions de Prière

INTRODUCTION:
À David, Dieu avait promis : «Je te donnerai un successeur dans ta descendance, qui sera né de toi, et je rendrai stable sa royauté. Je serai pour lui un père, il sera pour moi un fils». (Première
lecture).
En Marie, la promesse s’accomplit. Quand l’ange dit à la Vierge de Nazareth: «Le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père; il régnera pour toujours sur la maison de Jacob, et son règne n’aura pas de fin» (évangile), il ne fait qu’annoncer l’accomplissement de la promesse faite à David.
La prophétie faite à David et l’annonce à Marie montrent Dieu à l’œuvre dans l’histoire.
Paul nous parle du mystère «maintenant» révélé. «Maintenant», c’est à dire au moment où il parle, mais aussi aujourd’hui. La révélation de Dieu aux nations (deuxième lecture) s’accompagne du pouvoir de nous rendre forts, c’est à dire de nous montrer le chemin de la foi et de nous donner la force nécessaire pour le parcourir.
Le temps de l’Avent est favorable pour se mettre d’avantage à l’écoute de Celui qui vient et lui redire, avec le psalmiste: «Réveille ta vaillance, et viens nous sauver».
(Extrait d’une émission réalisée par le service diocésain de Pastorale Liturgique et Sacramentelle
du diocèse de Mende, sur la page internet: https://www.diocese-mende.fr/wp-content/uploads/20-decembre-2020.pdf)

PRIÈRE
Marie, tu faisais corps avec le peuple d’Israël
dans son attente du Messie-Emmanuel,
patiente mais ferme dans l’espérance reçue.
Tu as vécu intensément cette attente
dans ton jeune cœur de femme,
tout disponible à écouter la promesse de Dieu…
Ayant cru à cette promesse
et ayant entendu cet appel,
tu as répondu «oui» à ce projet
que le Seigneur voulait réaliser par Toi !
C’est de ton corps que naîtrait l’enfant saint,
le Fils de Dieu, l’Emmanuel: « Dieu avec nous ».
Seigneur Dieu, maître de l’histoire et faiseur d’avenir,
me voici pour apprendre de toi à « faire corps »
avec le monde d’aujourd’hui, avec l’univers des vivants.
Que je laisse crier en moi ses souffrances, ses colères,
ses attentes, ses désirs et ses espoirs…
Et que, si un appel précis m’est signifié,
je sache dire «oui» comme ton amie Marie,
pour apporter ma part au monde d’amour
de ton Fils Jésus-Sauveur.
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc. (Lc 1,26-38)
En ce temps-là, l’ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée, appelée Nazareth, à une jeune fille vierge, accordée en mariage à un homme de la maison de David, appelé Joseph; et le nom de la jeune fille était Marie. L’ange entra chez elle et dit: «Je te salue, Comblée-de-grâce, le Seigneur est avec toi.» À cette parole, elle fut toute bouleversée, et elle se demandait ce que pouvait signifier cette salutation.
L’ange lui dit alors: «Sois sans crainte, Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu. Voici que tu vas concevoir et enfanter un fils; tu lui donneras le nom de Jésus. Il sera grand, il sera appelé Fils du Très-Haut; le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père; il régnera pour toujours sur la maison de Jacob, et son règne n’aura pas de fin.»
Marie dit à l’ange: «Comment cela va-t-il se faire, puisque je ne connais pas d’homme?» L’ange lui répondit: «L’Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre; c’est pourquoi celui qui va naître sera saint, il sera appelé Fils de Dieu. Or voici que, dans sa vieillesse, Élisabeth, ta parente, a conçu, elle aussi, un fils et en est à son sixième mois, alors qu’on l’appelait la femme stérile. Car rien n’est impossible à Dieu.» Marie dit alors: «Voici la servante du Seigneur; que tout m’advienne selon ta parole.»
Alors l’ange la quitta.
(Traduction liturgique extraite de la page internet: https://www.aelf.org/)

COMMENTAIRE:
La deuxième lecture, malgré sa difficulté d’interprétation, nous aide à comprendre un sens important de cet Évangile: dans cette Annonciation, Dieu nous révèle le mystère de son Alliance: Il veut se faire homme pour amener tous les hommes à Lui! Si le mot « mystère » employé par saint Paul signifie d’abord « ce qui est caché, secret, énigme », rien de caché pourtant ici, au contraire! Dieu s’annonce… Et c’est notre faible intelligence qui a du mal à suivre son projet d’Amour! Puis le mot « mystère » a été traduit en « sacramentum », ce qui me fait penser au sacrement de l’Eucharistie: dans la célébration de l’Eucharistie et de la Communion, Dieu se rend présent à tous et prodigue son Esprit d’espérance.
Mais venons-en au texte de l’Évangile. Si nous connaissons bien les réponses de l’ange et de Marie, nous sommes sûrement loin d’avoir épuisé la richesse de leurs résonnances! Aussi mon propos ne cherchera pas à tout interpréter (mission impossible!), mais à faire le lien avec l’Avent et la Nativité.
«Dieu écrit droit sur des lignes courbes!»: l’ange Gabriel vient délivrer le message de Dieu dans un contexte peu banal! Marie et Joseph sont fiancés mais pas encore mariés, et donc pas disposés à vivre en couple, encore moins à accueillir un enfant… Les Évangiles de Matthieu et Luc nous les présentent comme de bons croyants, et nous pouvons deviner en eux de fervents espérants… Mais nous imaginons bien leur désarroi (celui de Marie ici) au moment d’accueillir un enfant « venu de nulle part »! Pourtant Isaïe 43,19 nous avait prévenus: «Voici que je fais une chose nouvelle: elle germe déjà, ne la voyez-vous pas?» Dieu sait créer à partir de rien, Dieu sait créer du neuf, et Il n’hésite pas à mettre en œuvre ce qu’il faut pour réaliser sa Promesse! Bien sûr sa Parole créatrice, son Action de Salut, bousculent nos projets quand ceux-ci manquent d’ampleur… Alors son Appel retentit dans le profond de nos consciences, pour mettre en avant ce qui ouvre un avenir à notre humanité!
«Le Seigneur fit pour moi des merveilles!»: cette parole de la Visitation me fait penser à l’inouï de l’action divine; car Dieu ne fait pas que promettre, Il accomplit son Amour chaque jour qu’Il crée! Ici dans l’Annonciation, nous voyons se déployer l’histoire de l’Alliance dans les réponses de l’ange: « il sera appelé Fils du Très-Haut », « le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père », « il régnera pour toujours sur la maison de Jacob », « celui qui va naître sera saint », « il sera appelé Fils de Dieu », etc. Nous qui connaissons la suite de l’histoire savons que Jésus-Christ ne sera pas le roi puissant au risque d’écraser, mais bien plutôt le serviteur de tous à commencer par Dieu son Père! La promesse de l’Alliance ne se réalise pas comme nous pourrions l’imaginer, mais son accomplissement nous entraîne plus loin et nous ouvre un avenir plus beau… À nous peut-être d’ouvrir mieux les oreilles de notre cœur pour laisser résonner cette Promesse au milieu de nos déserts humains, pour accueillir et coopérer… pour rendre fertiles nos désirs et nos espoirs!
«Voici la servante du Seigneur, que tout m’advienne selon ta parole»: la promesse de Dieu ne s’accomplit pas malgré nous! Marie est appelée dans toute son humanité pour devenir un rouage conscient de la réalisation de l’Alliance. Elle est respectée dans son besoin de comprendre, sollicitée dans son attente d’un Messie, interpellée pour une décision personnelle forte… Et nous aujourd’hui sommes de même respectés dans nos lenteurs ou incompréhensions, sollicités à rénover la foi de l’Église, et appelés à épanouir la grâce de notre baptême! La fête de Noël devient alors la célébration anticipée d’un radieux avenir dans le « Royaume de Dieu »! Et nos faibles réponses s’en trouvent renforcées par la grâce de l’Esprit-Saint, c’est-à-dire le don de foi, de charité et d’espérance.
«Alors que nous avons conscience de nos limites et de nos incapacités, alors que nous sommes parfois confrontés à la stérilité dans nos actions et nos engagements, voilà que la Parole retentit et nous invite à relever la tête. À la suite de la jeune fille de Nazareth, il nous faut tourner notre regard et notre cœur vers ce Dieu qui vient et nous offrir simplement à lui. Après avoir dit «comment cela va-t-il se faire», n’oublions pas de conclure par «que tout m’advienne selon ta parole». C’est au cœur de ce dialogue de confiance que nous découvrons notre vocation personnelle: participer au mystère de l’amour de Dieu. Pour nous, le vrai défi est là: permettre à l’amour de Dieu d’advenir dans notre temps, dans notre culture, dans notre vie à travers notre propre humanité. Il s’agit de s’éveiller et de se rendre présent à cette bonne nouvelle: «c’est Noël sur la terre chaque jour, car Noël, ô mon frère, c’est l’amour!» avons-nous peut-être chanté souvent.» (Extrait de l’homélie de mgr Marc STENGER, évêque de Troyes, le 8 septembre 2019 à Notre-Dame-du-Chêne.)


INTENTIONS DE PRIÈRE:
«Le Seigneur est avec toi»: En union avec la Vierge-Marie, prions pour l’Église, signe de la présence de Dieu parmi les hommes, afin qu’elle apparaisse aux yeux de tous comme une porte ouverte et une source de vie.
«Sois sans crainte»: En union avec la Vierge-Marie, prions pour tous les malades, notamment les victimes de la pandémie, et l’ensemble du personnel soignant, afin que l’Esprit du Seigneur leur inspire la confiance et la patience, le tact et la compassion, le dialogue qui éclaire, les paroles qui apaisent, les gestes qui soulagent, l’amitié qui réconforte…
«Voici la servante du Seigneur»: En union avec la Vierge-Marie, prions pour l’ensemble des dirigeants de ce monde, qu’ils aient à cœur de prendre des décisions courageuses afin de faire grandir la paix, et favoriser la transition écologique pour sauver «sœur, notre mère la Terre».
«L’Esprit Saint viendra sur toi»: En union avec la Vierge-Marie, prions pour que les membres de notre communauté sachent accueillir tous ceux qui se présentent à elles, toutes les personnes isolées, parfois sans abri, dans la dignité et le respect.
(D’après la page internet: https://www.diocese-mende.fr/wp-content/uploads/20-decembre-2020.pdf

Voici la méditation de l’évangile de dimanche 13 décembre par le P. Xavier Guermonprez
La liturgie nous donne la chance de réécouter les premiers versets de l’Évangile de saint Jean (ou presque), dans le cadre de l’Avent, dont l’enjeu est d’ouvrir notre cœur à la venue du Fils de Dieu. La force de la plume de saint Jean se trouve dans les symboles qu’il déploie à travers toute son œuvre littéraire. En le lisant, peut-être pourrait-on préparer son cœur à fêter Noël, en regardant au cours de la semaine qui vient comment ces symboles se déploient autour de soi? LUMIÈRE, TÉMOIGNAGE, RÉPONSE, IDENTITÉ, BAPTÊME, etc.

PRIÈRE à Saint Jean Baptiste de Saint Anselme de Cantorbéry:
Ô bienheureux Jean,
toi qui as baptisé le Fils de Dieu,
tu étais rempli de l’Esprit Saint
avant même d’être enfanté.
Et tu reconnaissais Dieu
avant que le monde ne l’ait connu.
Tu as reconnu la Mère de ton Dieu
avant que ta mère l’ait saluée.
Ami de Dieu, intercède pour nous. Amen.
Saint Anselme de Canterbury (1033-1109)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean. (Jn 1,6-8.19-28)
Il y eut un homme envoyé par Dieu; son nom était Jean. Il est venu comme témoin, pour rendre témoignage à la Lumière, afin que tous croient par lui. Cet homme n’était pas la Lumière, mais il était là pour rendre témoignage à la Lumière.
Voici le témoignage de Jean, quand les Juifs lui envoyèrent de Jérusalem des prêtres et des lévites pour lui demander: «Qui es-tu?» Il ne refusa pas de répondre, il déclara ouvertement: «Je ne suis pas le Christ.» Ils lui demandèrent: «Alors qu’en est-il?
Es-tu le prophète Élie?» Il répondit: «Je ne le suis pas. – Es-tu le Prophète annoncé?» Il répondit: «Non.» Alors ils lui dirent: «Qui es-tu? Il faut que nous donnions une réponse à ceux qui nous ont envoyés. Que dis-tu sur toi-même?» Il répondit: «Je suis la voix de celui qui crie dans le désert: Redressez le chemin du Seigneur, comme a dit le prophète Isaïe.» Or, ils avaient été envoyés de la part des pharisiens. Ils lui posèrent encore cette question: «Pourquoi donc baptises-tu, si tu n’es ni le Christ, ni Élie, ni le Prophète?» Jean leur répondit: «Moi, je baptise dans l’eau. Mais au milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez pas; c’est lui qui vient derrière moi, et je ne suis pas digne de délier la courroie de sa sandale.»
Cela s’est passé à Béthanie, de l’autre côté du Jourdain, à l’endroit où Jean baptisait.
(Traduction liturgique extraite de la page internet: https://www.aelf.org/2020-12-13/romain/messe)
COMMENTAIRES:
La liturgie emprunte à l’Évangile de saint Jean les mots et les images pour nous aider à mieux comprendre l’apport unique de Jésus-Christ dans l’histoire de l’Alliance… Peut-être l’Évangile de saint Marc est-il trop court à ce sujet? En tout cas nous avons épuisé ses versets introductifs dimanche dernier (Mc 1,1-8)! Mais de toute évidence la liturgie veut davantage nous centrer sur le discours du prophète Jean-Baptiste que de nous plonger dans la théologie des Évangiles, puisque les versets 1 à 5 et 10 à 18 du premier chapitre de saint Jean sont éludés… (Celles et ceux qui me connaissent savent que je suis très tenté de désobéir à la liturgie pour lire l’intégralité des versets 1 à 34!) Alors, que nous dit ce texte choisi (Jn 1,6-8.19-28, recopié ci-dessus)? Que nous apprend saint Jean-Baptiste ?
La Lumière: Nous pouvons lire ce mot avec ou sans majuscule car il n’y avait ni majuscules ni minuscules dans le texte original. Cette lumière se réfère à Dieu, et même au Verbe de Dieu, Jésus-Christ. Elle nous fait d’abord penser -à raison- à la Création, l’œuvre de Dieu racontée dans le livre de la Genèse dans la Bible. Premièrement la lumière est un élément essentiel de la création: «AU COMMENCEMENT, Dieu créa le ciel et la terre… Dieu dit: «Que la lumière soit.» Et la lumière fut! Dieu vit que la lumière était bonne, et Dieu sépara la lumière des ténèbres…» (Gn 1,1.3-4) Sans lumière, notre univers ne serait pas ce qu’il est! Deuxièmement saint Jean s’approprie l’œuvre créatrice pour lui donner un sens nouveau: «AU COMMENCEMENT était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu… En lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes; la lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont pas arrêtée.» (Jn 1,1…7) La Lumière ici est entendue au figuré, comme prise au niveau symbolique: elle est identifiée à la Parole et à la Vie. Elle ne représente donc plus seulement une créature, mais aussi le Créateur! Du coup, là où nous avons du mal à trouver les mots pour qualifier la présence de Dieu au milieu de nous, ces symboles peuvent venir alimenter notre réflexion!
Voix qui crie dans le désert…: Notre période de crise sanitaire et économique réveille dans nos cœurs bousculés bien des voix!!! Ici il ne s’agit pas de n’importe quelle voix: c’est la voix d’un prophète reconnu (puisqu’il baptise, et des prêtres et des lévites sont envoyés lui poser la question de son identité); et c’est une voix qui réveille le désir de l’accomplissement de la promesse de Dieu véhiculée par les anciens prophètes… Quelles sont les voix qui augmentent nos espoirs aujourd’hui? Quelles sont les voix qui aident à mieux connaître Dieu? Celui qui crie le plus fort n’est pas forcément celui qu’il faut d’abord écouter!!! Je pense que plus d’un tirera sa philosophie de cette crise: on bavarde, on s’active, on s’envoie des messages, on s’abreuve de vidéos, mais au bilan quelle voix son cœur retient-il? Quelle voix s’est montrée constructive? Quelle voix a apporté un surcroît d’humanité? Nous autres croyants cherchons les réponses dans la Bible, mais pas que…!
«Qui es-tu?», «Es-tu le Prophète annoncé?»: L’identité de Jean-Baptiste était une question importante pour les premiers chrétiens, qui débattaient sur le Messie avec les disciples de Jean-Baptiste… Aujourd’hui nous avons oublié ce débat, mais nous entendons que la question de l’identité du Messie n’est pas si évidente ou automatique qu’elle paraît! Saint Jean-l’Évangéliste, en utilisant la voix de saint Jean-Baptiste, affirme avec force que le Christ ou Messie est intimement relié à Dieu, contrairement au prophète qui « n’est qu’un messager »! Cela donne bien sûr du sens à notre fête de Noël: nous célébrons la naissance du Fils de Dieu, dans le vocabulaire de saint Jean la Parole, la Lumière… dont le prophète Jean est le témoin précurseur… (ne vous trompez pas de Jean!) N’y mettons pas de hiérarchie inutile: le Fils de Dieu n’est pas au-dessus du prophète, car leurs missions sont différentes, et le Fils a besoin du témoin-baptiseur pour l’aider à être reconnu. Jésus lui-même d’ailleurs qualifie Jean-Baptiste de plus grand des prophètes! Leurs identités sont définies par leurs rôles, mais nous devinons à travers les lignes qu’elles sont tissées de leurs relations familiales ainsi que de leurs engagements religieux… Et moi? Quelle est mon identité? Autrement dit à quels engagements ou paroles les autres me reconnaissent-ils? J’accueille avec confiance mon identité profonde, celle que Dieu lui-même me donne: son fils ou sa fille bien-aimé(e), en qui Il met son Esprit!

INTENTIONS DE PRIÈRE (extraites des vêpres du vendredi 11 décembre 2020, 2ème vendredi de l’Avent):
Seigneur Jésus, Berger du peuple de Dieu,
rassemble ton Église dans l’unité de la foi et de l’amour.
Viens en aide aux pasteurs de ton peuple: qu’ils conduisent leurs frères dans la vérité, jusqu’au jour de ta venue.
Choisis parmi nous des messagers de ta parole: qu’ils annoncent l’Évangile à toute la terre.
Prends pitié de ceux qui peinent et défaillent en chemin: donne-leur de rencontrer le soutien d’un ami.
Reconnais ceux qui ont ici-bas écouté ta voix: fais-les entrer dans la paix du ciel.
Tiens ton peuple éveillé, Seigneur, pour la venue de ton Fils; puissions-nous, fidèles à son avertissement, garder au cœur toutes lumières de foi et d’amour pour nous porter à sa rencontre. Lui qui règne avec toi et le Saint-Esprit, aujourd’hui et pour les siècles des siècles. Amen!
Des hommes à aimer
Ne vis pas sur cette terre
à la façon d’un locataire
ou bien comme villégiature dans la nature.
Vis dans ce monde
Comme si c’était la maison de ton père.
Crois aux grains, à la terre, à la mer,
Mais avant tout à l’homme.
Aime le nuage, la machine et le livre,
Mais avant tout, aime l’homme.
Ressens la tristesse de la branche qui se dessèche,
de la planète qui s’éteint,
de l’animal infirme,
mais avant tout, ressens la tristesse de l’homme.
Que tous les biens terrestres
te prodiguent la joie!
Que l’ombre et la clarté
te prodiguent la joie!
Que les quatre saisons
te prodiguent la joie!
Mais avant tout, que l’homme
te prodigue la joie!
Nazim Hickmet
Poème extrait du livre de Jean HUMENRY « 1000 Textes: Voyage au long Coeur », Presses d’Île-de-France, 2000, page 335.

Texte de Charles Péguy «La foi que j’aime le mieux, dit Dieu, c’est l’Espérance»:
«La foi que j’aime le mieux, dit Dieu, c’est l’Espérance. La Foi ça ne m’étonne pas. Ce n’est pas étonnant. J’éclate tellement dans ma création. La Charité, dit Dieu, ça ne m’étonne pas. Ça n’est pas étonnant. Ces pauvres créatures sont si malheureuses qu’à moins d’avoir un cœur de pierre, comment n’auraient-elles point charité les unes des autres. Ce qui m’étonne, dit Dieu, c’est l’Espérance. Et je n’en reviens pas. L’Espérance est une toute petite fille de rien du tout. Qui est venue au monde le jour de Noël de l’année dernière. C’est cette petite fille de rien du tout. Elle seule, portant les autres, qui traversa les mondes révolus. La Foi va de soi. La Charité va malheureusement de soi. Mais l’Espérance ne va pas de soi. L’Espérance ne va pas toute seule. Pour espérer, mon enfant, il faut être bienheureux, il faut avoir obtenu, reçu une grande grâce. La Foi voit ce qui est. La Charité aime ce qui est. L’Espérance voit ce qui n’est pas encore et qui sera. Elle aime ce qui n’est pas encore et qui sera. Sur le chemin montant, sablonneux, malaisé. Sur la route montante. Traînée, pendue aux bras de ses grandes sœurs, qui la tiennent par la main, la petite espérance s’avance. Et au milieu de ses deux grandes sœurs elle a l’air de se laisser traîner. Comme une enfant qui n’aurait pas la force de marcher. Et qu’on traînerait sur cette route malgré elle. Et en réalité c’est elle qui fait marcher les deux autres. Et qui les traîne, et qui fait marcher le monde. Et qui le traîne. Car on ne travaille jamais que pour les enfants. Et les deux grandes ne marchent que pour la petite.»
Charles Péguy (1873-1914)
Pour honorer la Vierge-Marie dans cette période de l’Avent, qui lui donne une place particulière dans la prière de l’Église, je vous propose d’écouter un chant traditionnel espagnol: Madre en la puerta (« Mère à la porte »). (Il dure 1mn30.)Cliquez sur ce lien: https://www.youtube.com/watch?v=TUQk-2ODfZ4

Une citation du pape François pour la période de Noël:
«Le temps de Noël approche, le temps des fêtes. Combien de fois, la question que se pose beaucoup de monde est : “qu’est-ce que je peux acheter? Qu’est-ce que je peux avoir de plus? Je dois aller dans les magasins pour acheter”. Disons l’autre parole: “qu’est-ce que je peux
donner aux autres?” pour être comme Jésus qui s’est donné lui-même et qui est né dans la crèche.»
(Homélie du pape François prononcée dans la Basilique de Saint-Pierre du Vatican, XXXIIIe Dimanche du Temps ordinaire, 15 novembre 2020.)