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Méditation de l’évangile de dimanche 20 Juin par le P.Xavier Guermonprez

De dimanche dernier à dimanche prochain, nous passons du champ moissonné à la tempête apaisée! Aucun rapport me direz-vous? Pourtant les textes se suivent dans l’Évangile de saint Marc… Et si nous pensions à l’Église? Notre Église en germe dans les disciples et les foules d’auditeurs… L’Église qui s’épanouit comme les champs de blé ou de moutarde au Soleil de Dieu (Mc 4,26-34 dimanche dernier), mais l’Église en même temps tourmentée par les vents contraires (Mc 4,35-41 dimanche prochain)!

Post-scriptum: Du 4 juillet au 15 août, en raison de déplacements et donc de connexions internet hasardeuses, et peut-être d’un besoin de « souffler », j’envisage d’arrêter momentanément les partages d’Évangile. Mais je vous conserverai dans ma prière estivale!

« Marcher sur l’Eau », thème de cette photographie d’Amy Kiley.


Évangile de Jésus Christ selon saint Marc. (Mc 4,35-41)

Toute la journée, Jésus avait parlé à la foule. Le soir venu, Jésus dit à ses disciples: «Passons sur l’autre rive.»

Quittant la foule, ils emmenèrent Jésus, comme il était, dans la barque, et d’autres barques l’accompagnaient. Survient une violente tempête. Les vagues se jetaient sur la barque, si bien que déjà elle se remplissait. Lui dormait sur le coussin à l’arrière.

Les disciples le réveillent et lui disent: «Maître, nous sommes perdus; cela ne te fait rien?» Réveillé, il menaça le vent et dit à la mer: «Silence, tais-toi!» Le vent tomba, et il se fit un grand calme.

Jésus leur dit: «Pourquoi êtes-vous si craintifs? N’avez-vous pas encore la foi?» Saisis d’une grande crainte, ils se disaient entre eux: «Qui est-il donc, celui-ci, pour que même le vent et la mer lui obéissent?»

Tempête sur le phare de Porspoder. Publication de Valérie Lemoine il y a 7 ans.


COMMENTAIRES:
Je me souviens d’un bateau, pas si petit, moteur arrêté mais l’ancre levée, voguant au gré des vagues du lac de Tibériade… J’étais dans ce bateau, non pas en touriste mais en pèlerin, goûtant la relative fraîcheur sous un implacable soleil. Puis le temps passant, voilà que ce soleil descendait peu à peu sur l’horizon… Et un vent commençait à monter, surprenant l’étranger que j’étais, soulevant des vaguelettes, qui peu à peu se changeaient en vagues. Pas très rassuré à un moment, je bénissais le ciel d’être monté dans un bateau et non dans une barquette! Le guide nous expliqua alors le phénomène météorologique, par lequel la chaleur changeant de territoire en suivant le soleil couchant, un vent du soir éphémère se levait régulièrement, dont il fallait toujours se méfier!

Mais dans l’Évangile, saint Marc nous signale plusieurs détails qui soulignent le caractère miraculeux de l’ordre de Jésus (« Silence, tais-toi! »)… D’abord, nous pouvons bien imaginer que les disciples-pêcheurs (dont saint Pierre, co-rédacteur de cet Évangile) connaissaient suffisamment ce phénomène pour ne pas se trouver en difficulté. Ensuite saint Marc mentionne « d’autres barques », comme pour nous suggérer des témoins possibles, pouvant attester de la véracité de ces lignes. Il relève aussi que les disciples emmenèrent Jésus « comme il était », soulignant ainsi l’impréparation de cet événement… Le texte passe du présent au passé, un passé qui veut mettre en valeur le caractère soudain du calme revenu (qu’on peut traduire par un passé simple). Tous ces détails accumulés mettent en valeur le caractère miraculeux de la parole de Jésus, un « signe » grandiose au point que les disciples en attrapent une « peur bleue » (mot à mot « effrayés par une grande frayeur »)!

Laissons-nous émouvoir par des phrases telles que «Lui dormait sur le coussin à l’arrière», ou «Nous sommes perdus; cela ne te fait rien?»… Ajoutées à « Passons sur l’autre rive », elles font écho à l’Exode des Hébreux (« perdus », « passer », « autre rive »), ainsi qu’à la Résurrection (« dormir », « réveiller »). Saint Marc -et saint Pierre-, nous suggère la vie de l’Église, c’est-à-dire la confiance nécessaire pour avancer dans l’Alliance. La barque, d’ailleurs, forme une belle image de l’Église; et les bâtiments où nous prions ne sont-ils pas dotés d’une « nef »? Restent ces phrases émouvantes, que nous pourrions bien faire nôtres dans les aléas de notre vie en Église… dans les moments où nous nous demandons ce que fait Dieu face au mystère du mal… dans les moments où nous nous ne savons plus pourquoi Dieu semble si indifférent à nos épreuves… dans les moments aussi où nous nous sentons comme submergés de Grâces!

Saint Marc conclut par une opposition -voire une confrontation- entre Jésus et ses disciples! Jésus leur reproche le manque de confiance: «Pourquoi êtes-vous si craintifs? N’avez-vous pas encore la foi?» Et le texte nous suggère bien une opposition entre le domaine de la peur (frayeur, effroi, crainte, phobie), et le domaine de la confiance (foi, conviction, fidélité)… Les disciples de leur côté expriment leur incompréhension et même leurs doutes: «Qui est-il donc, celui-ci, pour que même le vent et la mer lui obéissent?» Ainsi nous voyons bien qu’ils cheminent dans leur connaissance de Jésus-Christ! Et peut-être la nôtre aussi, d’ailleurs, progresse-t-elle à travers les doutes, les incompréhensions et les révoltes?

Petite touche finale à ce commentaire, saint Marc termine son chapitre 4 par ces mots: «le vent et la mer lui obéissent». « Obéir », c’est « écouter le maître », autrement dit mettre en pratique la parole du maître… Ici le vent et la mer semblent se comporter comme des disciples! Jésus se montre ainsi le maître de toute la création! Mystère de Dieu qui nous plonge toujours dans l’immensité de son Amour… J’ai envie d’ajouter que nous n’en sortirons pas par une obéissance servile, mais par la confiance en cet Amour qui nous poursuit, nous entoure, nous précède (Psaume 138).

Pour aller plus loin, vous pouvez lire une méditation du pape François sur la tempête apaisée. Cliquez sur ce lien: https://www.prieraucoeurdumonde.net/meditation-du-pape-francois-sur-levangile-de-la-tempete-apaisee/

La tempête apaisée », miniature de l’évangéliaire d’Echternach, Nuremberg, XIème siècle.

.PRIÈRE du Bienheureux Charles de Foucauld:

«Mes enfants, quoi qu’il vous arrive, souvenez-vous que Je suis toujours avec vous. Souvenez-vous que, visible ou invisible, paraissant agir ou paraissant dormir et vous oublier, Je veille toujours, Je suis partout, et Je suis tout-Puissant. N’ayez jamais nulle crainte, nulle inquiétude: Je suis là, Je veille, Je vous aime…, Je suis tout-Puissant. Que vous faut-il de plus? Souvenez-vous de ces tempêtes que J’ai apaisées d’un mot, leur faisant succéder un grand calme. Souvenez-vous de la façon dont J’ai soutenu Pierre marchant sur les eaux (Mt 14, 28s). Je suis toujours aussi près de chaque homme que Je l’étais alors de vous… Ayez confiance, foi, courage; soyez sans inquiétude pour votre corps et votre âme (Mt 6,25), puisque Je suis là, tout-Puissant et vous aimant. Mais… que votre confiance ne naisse pas de l’insouciance, de l’ignorance, des dangers, ni de la confiance en vous ou en d’autres créatures… Les dangers que vous courez sont imminents: les démons, ennemis forts et rusés, votre nature, le monde, vous font constamment une guerre acharnée… En cette vie, la tempête est presque continuelle, et votre barque est toujours près de sombrer. Mais moi Je suis là, et avec moi elle est insubmersible. Défiez-vous de tout, et surtout de vous, mais ayez en Moi une confiance totale qui bannisse toute inquiétude. Ainsi soit-il.»

Bienheureux Charles de Foucauld (1858-1916).

Pouvoir évoluer comme en apesanteur, sans peur face aux éléments contraires? La voltige est une façon de dominer les lois physiques… et intérieures aussi! Mais attention, dans ce genre de prouesse, le travail des répétitions reste incontournable!

MÉDITATION de sœur Anne Lécu:

Comment veux-tu qu’on tienne le coup, Seigneur, si tu dors quand nous avons peur ? C’est le monde à l’envers : tu dors, bien confortablement sur ton coussin, toi qui n’as pas de pierre où reposer la tête ! Bien sûr, je peux faire un joli commentaire de ce passage, montrant que Marc nous raconte à l’avance ta résurrection : tu dormais, les forces de la mort menaçaient de t’emporter, et avec toi l’Église, la barque ; et voilà que tu te réveilles, que tu te relèves, et leur intimes le silence.
Il n’empêche ! Combien de fois avons-nous l’impression que tu dors ! Ne serait-il pas tant de te réveiller ? La peur nous fait du mal. La peur grignote la foi et la confiance et que va-t-il en rester au bout du compte ? Voilà, tu le sais. Je n’aime pas être secouée par la tempête.

J’ai le mal de mer. Je ne suis pas fichue, comme Pierre, de te rejoindre et de marcher sur l’eau. Je coule, moi, si tu dors pendant que la barque se remplit d’eau. Quand tu dors, j’ai peur que tu ne te réveilles pas. Ou bien trop tard. En fait, je ne sais pas si j’ai cette foi que tu réclames. Voilà, c’est dit. Si tu dors, ma foi est emportée par le vent.
Ne dors pas, Seigneur. La tempête est en moi. Calme-la comme tu l’as déjà fait la grande nuit où tu priais ton Père en l’assurant que tous tes amis, même ceux qui venaient de te trahir, avaient cru en toi (Jn 17,6). Calme-la en m’assurant que toi tu crois en nous, en moi. Emmène-m
oi dans ta sieste, le temps que passe l’orage. S’il te plaît!

Sœur Anne Lécu, religieuse dominicaine à Paris, médecin en milieu carcéral et philosophe.

 Barque retrouvée sur le bord du lac de Tibériade, datant de l’époque de Jésus-Christ. (Plus de renseignements sur la page internet: https://www.abbe-carmignac.org/?LA-BARQUE-DE-JESUS)


PRIÈRE UNIVERSELLE:

Comme les apôtres dans la tempête, tournons-nous vers Dieu avec confiance.

· Pour celles et ceux qui sont dans la tempête, qui désespèrent, qui ont peur devant la vie, qui se révoltent. Nous crions vers toi, Seigneur.

· Pour ton Église appelée à témoigner de sa foi et de son espérance dans un monde basculé par la tempête. Nous crions vers toi, Seigneur.

· Pour celles et ceux qui t’ont fait confiance, et qui doutent aujourd’hui, qui sont fatigués de lutter. Nous crions vers toi, Seigneur.

Quand se lève la tempête, apprends-nous à lever les yeux vers toi, Seigneur, afin de poursuivre notre route à tes côtés jusqu’au jour où nous vivrons avec toi, pour les siècles des siècles. Amen.

(Prière extraite de la page internet: http://ilm.free.fr/BRANCHE5SPIRITUALITEETPASTORALE/53LITURGIE/532%20ANNEE%20B/42_ordinaire_b_12.htm)

XIV° station du chemin de croix (mise au tombeau), peinte par Marcel Marlier (illustrateur de la série « Martine »). Je note le linceul déroulé comme « une mer de tissu », et la lumière qui surgit dans les ténèbres de la mort… L’ensemble des personnages suggère aussi la forme d’une barque, comme un « embarquement » vers la vie nouvelle…


J’ai la joie de vous partager la PRIÈRE des évêques de France au Sacré-Coeur (fêté le 11 juin dernier):

Seigneur Jésus, notre lumière, notre force, notre paix, notre joie, après ces mois d’épreuve sanitaire, en communion avec tous nos frères et sœurs dans la foi, nous nous confions à toi.

Nous te confions ceux qui sont morts et ceux qu’ils laissent dans le chagrin.

Nous venons aussi te rendre grâce et te confier notre pays.

Sois béni d’avoir été à nos côtés alors que nous traversions l’épreuve de la pandémie, comme tu nous as protégés en bien d’autres circonstances de notre histoire.

Sois béni pour la prière que ton Esprit a maintenue vivante alors que ceux qui croient en toi ne pouvaient se rassembler pour te célébrer.

Sois béni pour les multiples gestes fraternels à l’égard des plus démunis et pour le dévouement des soignants et de tous ceux qui, dans la discrétion, ont permis notre vie quotidienne.

Sois béni pour l’accompagnement des malades et le soutien aux familles éprouvées.

Sois béni pour l’engagement de ceux qui doivent veiller sur toutes les composantes de notre communauté nationale.

Nous t’en prions, accorde maintenant à tous la grâce du discernement et de la détermination pour mettre en œuvre les conversions nécessaires et faire face aux difficultés économiques, aux défis et aux opportunités de la période à venir.

À chacun des membres de ton Église, accorde d’être attentif à tous et d’annoncer ton Évangile.

Seigneur Jésus, remplis-nous de l’amour qui jaillit de ton Cœur transpercé, libère-nous de toute peur, fais de nous des témoins de l’espérance dont tu nous rends capables, jusqu’au jour où tu nous accueilleras dans la Cité céleste. AMEN.

(Plus de renseignements sur la page internet: https://eglise.catholique.fr/conference-des-eveques-de-france/cef/assemblees-plenieres/assemblee-pleniere-eveques-juin-2020/500540-priere-eveques-de-france-sacre-coeur/)

— 
Xavier Guermonprez, prêtre à Montargis.xguermonprez45@gmail.com