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Pour préparer l’évangile du dimanche, le P. Xavier Guermonprez vous propose de partager sa méditation
Chers amis, le nouveau confinement apporte son lot de changements! Et pour y faire face, je vais « basculer » à partir de demain vers la formule de partage d’Évangile que nous avons connue pendant le premier confinement, avec un public plus large (300 personnes environ, contre 100 entre fin juillet et maintenant). La formule sera un peu différente: vous y trouverez plus de diversité dans les apports, mais moins de rubriques! Nous coopérerons en effet entre ministres du Montargois, et même du Gâtinais, pour vous proposer cette nouvelle formule: le vendredi matin nous partagerons nos différents regards sur l’Évangile du dimanche suivant, puis nous mettrons en forme avec quelques images pour agrémenter la lecture. Je vous enverrai ce mail le vendredi après-midi ou le samedi, suivant la rapidité du travail commun.
Je vous rappelle que vous pouvez vous désinscrire ou vous réinscrire à tout moment, ou même changer d’adresse mail: il suffit de me le signaler!
Pour ce dimanche, je vous fais un petit cadeau: une introduction et une prière en consonance avec l’Évangile (Mt 25,1-13). Je vous enverrai les autres textes demain, en réactivant l’ancien fichier d’adresses. Du coup, il est possible que vous receviez deux fois le prochain mail; je compte sur votre indulgence?

INTRODUCTION:
Dans le contexte de son entrée à Jérusalem, Jésus-Christ raconte plusieurs paraboles pour donner un contenu à la Bonne-Nouvelle du Royaume de Dieu. Jésus donc se trouve dans le Temple de Jérusalem, y enseignant les foules. Le temple devient pour lui alors le lieu de la confrontation avec les autorités religieuses et politiques. Mais il ne leur répond pas seulement: ses paraboles visent aussi les foules qui l’écoutent avec curiosité, et ses disciples bien sûr les écoutent avec assiduité…
Une parabole est une petite histoire destinée à faire réfléchir. N’y cherchons donc pas une description documentée du Royaume de Dieu! Nous ne pouvons en retenir que quelques grands traits comme la comparaison avec une noce, mais la connaissance s’arrête là! Chercher une récompense de jeunes filles vierges dans la vie de l’au-delà est hors de propos! Jésus nous interpelle, c’est tout! Ne cherchons pas non plus une morale sur le partage ou la prévoyance… qui serait forcément tordue! Jésus nous interpelle: il veut marquer notre esprit pour nous faire réagir!
– Et toi, comment vas-tu préparer le Royaume de Dieu qui vient? «Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l’heure.» Jésus le Messie nous invite à la vigilance: serons-nous prêts quand il viendra? Saurons-nous l’accueillir comme le Sauveur? C’est maintenant le bon moment pour se préparer! Jésus l’Époux nous invite à la fidélité du service: savons-nous le reconnaître dans tous nos compagnons de route? savons-nous le remercier pour sa présence et son soutien tout au long de notre route? Il s’agit bien d’une attitude spirituelle d’éveil et d’entraide, à laquelle nous sommes invités, comme de vrais amis capables ensemble de remplir de joie le cœur de l’Époux!

PRIÈRE de Taizé:
Jésus notre joie, quand nous comprenons que tu nous aimes, quelque chose de notre vie est apaisé et même transformé. Nous te demandons: qu’attends-tu de moi? Et, par l’Esprit Saint, tu réponds: que rien ne te trouble, je prie en toi, ose le don de ta vie.


Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu. (Mt 25,1-13)
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples cette parabole:
«Le royaume des Cieux sera comparable à dix jeunes filles invitées à des noces, qui prirent leur lampe pour sortir à la rencontre de l’époux. Cinq d’entre elles étaient insouciantes, et cinq étaient prévoyantes: les insouciantes avaient pris leur lampe sans emporter d’huile, tandis que les prévoyantes avaient pris, avec leurs lampes, des flacons d’huile.
Comme l’époux tardait, elles s’assoupirent toutes et s’endormirent. Au milieu de la nuit, il y eut un cri: ‘Voici l’époux ! Sortez à sa rencontre.’
Alors toutes ces jeunes filles se réveillèrent et se mirent à préparer leur lampe. Les insouciantes demandèrent aux prévoyantes: ‘Donnez-nous de votre huile, car nos lampes s’éteignent.’ Les prévoyantes leur répondirent: ‘Jamais cela ne suffira pour nous et pour vous, allez plutôt chez les marchands vous en acheter.’
Pendant qu’elles allaient en acheter, l’époux arriva. Celles qui étaient prêtes entrèrent avec lui dans la salle des noces, et la porte fut fermée. Plus tard, les autres jeunes filles arrivèrent à leur tour et dirent: ‘Seigneur, Seigneur, ouvre-nous !’ Il leur répondit: ‘Amen, je vous le dis: je ne vous connais pas.’
Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l’heure.»

Et voici les commentaires de nos prêtres et séminariste confinés au presbytère de Montargis
– Nous approchons de la fin de l’Évangile de saint Matthieu, correspondant à la fin de l’année liturgique, où l’annonce de la venue du Royaume de Dieu est de plus en plus pressante. Et pour arriver à l’accueillir, il faut être dans une certaine attente et une certaine patience… Et il faut se donner les moyens ! Ce n’est pas une attente passive. Il faut être prévoyant. Comme toute parabole, il n’y a pas de morale « Comment ? Elles ne partagent pas leurs huiles ? Ce n’est pas bien ! » Il nous faut donc regarder autre chose. Pour accueillir le Christ dans notre vie, il nous faut faire des choix. De nos manières d’être et de faire dépendra aussi la venue de ce royaume
Comme par exemple toutes les occasions où nous loupons quelque chose, car nous ne sommes pas à l’écoute de ce qui se passe autour de nous. Pour se préparer à rencontrer, il faut donc une disposition de cœur et d’esprit. Et c’est vrai, combien de situations où le Royaume de Dieu n’a pas pu grandir à cause de rencontres loupées. Cette préparation, apprendre à écouter, c’est l’occasion d’avoir des temps, entre couple, entre personnes d’une même famille, entre amis, entre prêtres, pour dialoguer. Il vaut mieux s’asseoir et prendre le temps de parler, et pas seulement se dire les choses entre 2 portes !
– J’entends dans ce texte que chacun doit prendre sa part de manière active dans le plan de salut à la suite de Jésus, à devenir responsable dans la part qu’il ou elle prend dans la construction du Royaume de Dieu. La volonté ne suffit pas. Les 10 avaient la volonté. Mais cela ne suffit pas, le désir de rencontre. Car 5 n’ont pas « une bonne dose » de responsabilité et d’engagement. Cela se traduit par le fait de prendre les moyens pour qu’il y ait adéquation entre ce que nous voulons et les moyens pour que cela advienne.
D’où le fait d’être vigilant. C’est un effort de faire correspondre sa vie aux exigences de l’Évangile. Les exigences de la foi. La question que je me pose aussi : Les 10 dorment. Donc même avec la volonté et les moyens, ça ne suffit pas. Il faut une voix en plus. Et c’est là que les 5 autres se rendent comptent qu’elles n’ont pas assez d’huile.
Donc avoir conscience de nos faiblesses. Peut-être que les 5 auraient dû rester, même en sachant leurs faiblesses. Et elles auraient été présentes quand l’Époux serait venu. Il aurait compris si elles avaient pris le temps de lui expliquer.
Une invitation à ne pas s’affoler !
– Ce qui n’est pas facile, c’est qu’on n’a que le texte d’Évangile, sans autre élément d’interprétation. Alors je me demande si je peux prendre des largeurs ou si je dois rester collé au texte.
La situation décrite par Jésus semble bien invraisemblable ! Plus encore que dans d’autres paraboles (comme la drachme perdue).
Déjà, est-ce qu’on a déjà vu des jeunes filles avoir envie de voir l’époux ? Elles en ont peur! Par contre, elles ont envie de parler avec l’épouse. Ce n’est même pas le moment des noces. Elles vont sans attendre.
On dirait une réaction réflexe. Sans vraie concertation, elles sortent.
Bon après, elles s’endorment toutes. Les filles de l’aumônerie, elles ne dorment pas avant 4h du mat’. Alors que là, elles s’endorment à minuit!
Ce cri dans la nuit. Cela suppose que quelqu’un ne se soit pas assoupi. Pas parmi les jeunes filles. Il y a un veilleur / veilleuse qui peut parler.
Les jeunes filles n’ont pas veillé, mais quelqu’un d’autre a pu partager le fruit de sa veille avec elles.
L’aspect du partage est un élément important. La Parabole ne doit pas être réduite à une morale. Sinon elle a une connotation un peu scandaleuse. Je me suis aussi demandé ce qui se serait passé si les 5 étaient restées. Il y aurait eu un dialogue. Alors que là, elles partent et on voit cette phrase si dure « je ne vous connais pas » = « vous n’avez jamais engagé de dialogue avec moi »
Ça me fait penser à tout ce qui guette tous les agents pastoraux. On peut tomber dans l’activisme et on finit par oublier de dialoguer avec l’Époux.
La dernière chose que j’ai aussi reçue, c’est le fait de dialoguer avant tout avec les personnes. Ce que j’ai bien aimé aussi, c’est les dispositions de cœur et d’esprit avant la rencontre.
Moi ça me touche dans mon expérience pastorale : j’accompagne des couples qui se séparent ou qui, vraisemblablement, vont se séparer. Le point commun: le dialogue ne se fait plus. On pense faire l’effort. Mais on ne rejoint pas l’autre
Dans la spiritualité du Carmel (comme dans la spiritualité jésuite) il y a le fait de préparer le temps de prière. (Comme dans une homélie de saint Charles Boromée). Se préparer à vivre mentalement ce qu’on vit concrètement.
Comme pour les couples, préparer des temps de rencontre et non courir, s’affoler…
Cet Évangile devient donc très parlant en entendant les choses comme cela.
– Le manque d’empathie des jeunes filles sages me choque aussi. Je le sens déçu par cette histoire!
Peut-être que si elles le font, il y a une raison, peut-être que personne n’aurait eu sa lampe allumée si elles avaient partagé.
Contrairement aux paraboles de miséricorde, là on est déçu de l’histoire.
Quel est notre huile pour aller à la rencontre de l’époux ?
Cette huile peut être la prière, la charité, le soutien fraternel, la pratique des sacrements. Et peut-être que cette huile est celle reçue à notre baptême. Donc être un « autre Christ »: prêtre, prophète et roi. Peut-être cette parabole fait résonner un appel à vivre son baptême, conscient du don de Dieu dans sa vie. Plus de cohérence.
Je ne résiste pas au désir de finir avec une page de musique. Donc du Bach. La cantate de veilleur + parole BWV 140
Paroles du début de la cantate du Veilleur (traduction de l’allemand par le père Xavier):
«Réveillez-vous, nous appelle la voix
Du veilleur, bien haut sur le rempart:
Réveille-toi, cité de Jérusalem!
Au milieu de la nuit, c’est bien l’heure où
Ils nous appellent d’une voix claire:
Où êtes-vous, sages jeunes filles?
Allons, debout! le fiancé devrait arriver;
Levez-vous, et prenez vos lampes; Alléluia!
Tenez-vous prêts
Pour le temps des noces,
Il vous revient d’aller à sa rencontre!»
(Suite des paroles sur la page internet: https://www.bach-cantatas.com/Texts/BWV140-Fre6.htm
– Quel est l’ingrédient essentiel du Royaume de Dieu ? L’huile de l’Esprit Saint !
J’aime l’image des noces, qui nous présente une vision joyeuse et harmonieuse du Royaume, sans omettre le partage ni l’amour ! C’est une vision qui non seulement attire les cœurs vers l’assemblée priante, mais encore donne un contenu à l’espérance du salut !
L’huile, c’est l’amour fraternel, l’écoute et le dialogue, etc., comme des dons de l’Esprit-Saint qui nous inspire. C’est cette huile qui nous permet de construire le Royaume. Notre attente du Royaume doit rester active.
Ne regardons pas la parabole d’une manière trop moralisante. Même dans le contexte des fêtes traditionnelles d’Israël à l’époque de Jésus, cette histoire va plus loin que l’expérience vécue !
-J’aime beaucoup voir le Christ comme un Époux. Les vierges seraient nos âmes. Le Christ est un Époux, cela montre la qualité d’amour, de complicité qu’il nous porte.
Les Évangiles nous présentent Jésus comme un Rabbi, un Maître, le Seigneur, le Serviteur… mais voir le Christ comme un Époux, c’est plus rare. Cela met en évidence la relation à 2, le cœur à cœur.
L’huile : Ma manière de l’interpréter c’est que c’est notre relation personnelle avec Jésus, notre vie intérieure. Cette relation n’est pas « copiée-collée », mais intime, unique, essentielle… On ne peut pas copier l’intimité d’une autre personne. On ne peut pas donner tout de notre vie intérieure avec Jésus. Intimement, il y a quelque chose qui ne se communique pas.
Dans l’époque que l’on traverse, on a l’impression qu’il fait nuit et que l’Époux est loin. Ce qui est demandé aux 10 vierges c’est d’être vigilantes, de se préparer à la relation. Les vierges sont sorties dehors et on leur dit encore « Sortez ».
Il y a chez elles une saine naïveté que j’apprécie. Elles semblent savoir peu de choses. Mais elles sont sûres d’une chose : l’Époux va venir à leur rencontre !
Dans l’Évangile de Saint Jean, Jean-Baptiste se définit aussi comme l’ami de l’Époux. Il est aussi appelé la voix qui « crie » dans le désert : « Je suis l’ami de l’Époux » (voir Jn 3,29).
L’ami trouve sa joie dans l’écoute de la voix de l’Époux. Nous sommes tous des Jean-Baptiste. On s’aide et on s’encourage les uns les autres dans cette veille. On peut être (non pas un cri mais) une voix, une parole de soutien pour se dire les uns aux autres : « Oui, l’Époux va venir » ; « la nuit est sombre avant qu’apparaisse l’aube ». Nous avons besoin de veiller les uns sur les autres, de nous interpeller mutuellement, de nous soutenir dans la marche vers le Royaume de Dieu.
Intentions de Prière universelle:
- Seigneur, nous te confions toutes les situations de conflit, en couple, en famille, au travail, en Église. Car les hommes et les femmes ont oublié de se donner les moyens d’un dialogue vrai dans la charité. Qu’ils puissent se donner des rendez-vous en ayant préparé des rendez-vous, en ayant préparé leurs cœurs et leurs esprits. Avec l’aide de ton huile, de ton Esprit saint.
- Seigneur Jésus, c’est toi qui prends l’initiative de nous associer à tes noces à la fois comme convives, intendants, « Épouse » et « amis de l’Époux ». Donne-nous d’y prendre la part active qui est la nôtre, par la force de ton Esprit.
- Seigneur Jésus, quand nous avons l’impression d’être dans la nuit de la foi, ranime en nous l’espérance et le désir d’aller à la rencontre du Christ.
- Dieu notre Père, tu nous a envoyé ton Fils Jésus-Christ pour qu’il soit l’Époux de toute l’humanité. En ce temps de confinement, apprends-nous à veiller, à prendre le temps de veiller, la rencontre personnelle avec le Christ, dans la prière comme dans la vie ordinaire.
- Seigneur Jésus, dans cette période de confinement qui éprouve notre espérance d’accueillir ensemble la joie du Royaume, reste pour nous le compagnon attentif, qui sait nous comprendre et nous encourager.
- Seigneur Jésus, permet que la simplicité et la pauvreté de notre vie de prière soit une huile belle, parfumée, qui puisse quelque peu briller autour de nous. En nous soutenant les uns les autres, en nous redisant malgré « nos nuits » : « Voici l’Époux, soyez déjà dans la joie de l’espérance ! »
Ce 8 novembre est le jour de la fête de tous les saints du diocèse d’Orléans! «L’Église d’Orléans propose à notre vénération de nombreux Saints de notre diocèse. Parmi eux, nous tenons à honorer […] nos saints pasteurs, les saints abbés et religieux des monastères et prieurés du diocèse, les ermites, les vierges, les pénitents, ainsi que les nombreux prêtres, laïcs, religieux et religieuses dont le Seigneur connaît la sainteté. Ils sont pour nous des modèles de l’amour de Dieu et du prochain.» (Extrait du rituel propre au diocèse d’Orléans publié en 1984.)