La communauté de Taizé a voulu marquer au mois d’août cette année, les 10 ans de la mort de frère Roger, ses 100 ans et les 75 ans de son arrivée à Taizé.
La communauté invite les jeunes qui viennent, à se mettre en route pour 3 années d’une « nouvelle solidarité ». Ces 3 années seront marquées par les valeurs d’Evangile placés par frère Roger au centre de la vie de la Communauté : « JOIE – SIMPLICITE – MISERICORDE »
En 2016 c’est « la miséricorde » qui nous mettra en lien avec le Pape François. Ce mois d’août devrait marquer fortement cette démarche. Frère Aloïs a voulu que des hommes et des femmes donnent leur témoignage sur ce qu’ils vivent au nom de leur foi dans la solidarité avec ceux et celles qui les entourent.
Les frères m’ont demandé de venir témoigner, en tant que religieuse franciscaine, ce que je vis dans mon investissement auprès des personnes touchées par les malades de Parkinson et leurs aidants.
J’ai donc participé à la semaine du 9 au 16 août à Taizé, cette semaine étant le sommet de cette année de célébration.
Dans cette semaine étaient présents plus de 4500 jeunes, représentant 110 pays. La prière, trois fois par jour est un moment si fort : près de 5000 personnes unies par le chant, l’intériorité et…le silence, la lecture de la Parole en un grand nombre de langues.
Chaque matin de cette semaine, après la prière du matin à 8h30 et le petit déjeuner, les jeunes sont invités à rejoindre le lieu qui leur est désigné sur leur feuille de route de la semaine (répartis en groupe de 200 environ) pour un temps de méditation sur les thèmes : la joie (lundi et mardi) la simplicité (mercredi et jeudi) la miséricorde (vendredi et samedi).
Frère Aloïs m’avait demandé d’assurer une des méditations le lundi matin sur la joie. 10 mn pour exprimer ce qu’est « la joie » dans ma vie de religieuse franciscaine, dans les beaux moments et dans les difficultés. 200 jeunes étaient présents à cette méditation. En même temps que moi, un autre témoin a partagé la place de la joie dans sa vie de prêtre chilien qui a subi la prison et la torture. Nous avions chacun 10 mn pour intervenir, puis les jeunes en 10 mn ont exprimé leur réaction et leurs questions. Ensuite nous avons répondu aux interrogations. Ce fut un temps de partage merveilleux pendant deux heures, beaucoup de questions très profondes. Nous nous sommes tous retrouvés au temps de prière à 12h30,
L’après midi, entre 15h et 17h, 17 ateliers différents étaient proposés chaque jour à tous les jeunes, qui se présentaient à l’atelier qui les rejoignait. Les sujets étaient très différents et touchaient :la foi, la spiritualité, l’art, l’interreligieux, l’économie, l’église, le monde, la justice, la santé, la solidarité, la politique, l’écologie, les migrations, la vie des frères dans le monde…. partagé ce qui faisait ma vie de religieuse franciscaine, en fraternité fédérale, dans un quartier populaire. Et voilà 10 ans que j’ai créé une association pour les personnes qui ont la maladie de parkinson.
Dans une des salles en prolongement de l’église de la réconciliation, j’ai présenté à un groupe de 250 jeunes ce que je vis. L’atelier était ainsi proposé : « affronter la maladie avec la spiritualité de St François – rencontre avec une religieuse engagée auprès de personnes atteintes de la maladie de Parkinson ». Deux jeunes faisaient la traduction en anglais et en allemand. Je suis très marquée par l’écoute profonde et la qualité des questions. L’atelier s’est prolongé au-delà de l’heure du « thé », jusqu’à 17h45.
Toute la semaine a été rythmée ainsi, marquée aussi par le temps fort des repas, servis en un temps record, et lieu de rencontre et de découverte, dans une grande simplicité : un plateau, un assiette, un bol et une cuiller !!
Le vendredi, veille du 15 août nous avons aperçu, l’arrivée des premiers représentants des différentes religions.
Samedi, 15 août, à 16h nous avons été invités à nous rassembler dans le pré appelé « Wanagi tacanku » pour la prière d’action de grâce en mémoire de frère Roger. Les chants, le silence, la lecture de la Parole, se sont déroulés dans un profond recueillement et face à une immense reproduction (dessin) du « bon samaritain ». et de nouveau à la prière du soir (de 20h à 22h) nous nous sommes retrouvés dans ce pré pour commencer la prière, et suivant les 94 frères et les représentants des différentes religions, en une longue procession nous sommes rentrés dans l’église de la réconciliation, pour célébrer la lumière.
Le dimanche 16, la messe s’est déroulée de bonne heure (8h15), mais à 12h a été proposée une prière silencieuse pour la paix. « Un chant, 30 mn de silence, un chant » : presque 5000 personnes dans un temps de recueillement impressionnant !
Après ce temps de prière, nous avons été invités par les frères (94 réunis pour la première fois dans leur histoire), les représentants des différentes religions, ainsi que les intervenants de la semaine, au repas préparé dans la cour de la communauté : nous étions 300 convives. Un rabbin a chanté la bénédiction du repas en hébreux, et la première moitié du repas s’est déroulée en silence avec un fond de musique. Puis nous avons un peu échanger, partager aux dimensions du monde et de l’universel !! moment unique !
Il y a eu un temps après le repas, pour que frère Aloïs écoute les messages des différents responsables des églises et des religions.
Soeur Suzanne Moutin