LE CARÈME : LA PÉRIODE DE QUARANTE JOURS AVEC L’ÉGLISE AU DÉSERT
À partir du 05 mars 2025, le carême débute avec la célébration du mercredi des Cendres et se termine le
matin du Jeudi saint, le 17 avril 2025. Les Cendres symbolisent la nature pécheresse de l’humanité. En les
recevant, l’individu extériorise publiquement la reconnaissance de ses fautes envers Dieu, et affirme sa
résolution intérieure de se tourner vers son Seigneur, à travers un acte de conversion authentique.
Quelle est la raison de la durée de quarante jours ? Premièrement, d’un point de vue culturel. Tout débute en
Égypte à l’époque d’Osiris. C’est lui qui a fait la découverte du blé et l’a ensuite transmise à l’ensemble de l’humanité. Afin d’obtenir du pain, il était nécessaire de semer la graine de blé, enveloppée de sa paille (son sarcophage). Au sein de la terre, différentes forces entraient en confrontation avec la graine de blé. Elle subissait des processus de décomposition et de recomposition. Pendant ce temps, en raison de la pénurie de pain et de la germination des graines dans le sol, l’ensemble de la population égyptienne, y compris ses prêtres, observait un jeûne et des pratiques d’auto-mortification. C’est après une période de « 40 jours » que la tige verte émergeait, symbolisant ainsi la renaissance et la résurrection. Cela se produisait
systématiquement au printemps, juste après le solstice d’hiver. À ce moment-là, la population ainsi que le clergé se dirigeaient vers le Temple afin de commémorer cet événement.
Ensuite, d’un point de vue théologique, spirituel et pastoral, tout débute par l’Incarnation. En s’incarnant à travers la Vierge Marie, Dieu s’est fait homme en la personne de son Fils. Il a été intégré dans la culture humaine dans le but de l’accomplir et non de l’abolir. Il est évident que le terme « accomplir » ne se limite pas à la simple répétition, mais implique de la surpasser et de la transformer en un lieu de perfection pour l’homme. Or, tous les ancêtres fondateurs d’Israël, à savoir Abraham, Isaac, Jacob et ses douze fils, ont séjourné en Égypte. C’est sur ses terres qu’ils ont acquis la connaissance de la culture du blé, avec la nécessité des 40 jours pour sa germination, tout comme pour la circoncision, ainsi que de nombreuses autres pratiques et traditions que Moïse a consignées dans la Torah.
Par conséquent, la période de « 40 jours », qui représente la durée pendant laquelle la graine de blé reste sous terre dans la tradition humano- égyptienne, a été reprise dans la Bible judéo-chrétienne, en « le chiffre 40 ». Sous l’inspiration des auteurs sacrés, ce chiffre est devenu un symbole significatif de la vie chrétienne2
.
Leçon à tirer : Jésus s’inscrit dans la continuité de la tradition de son peuple Israël. Cependant, il la transcende et l’accomplit de même que celle de tout être humain. Là où ses aïeuls ont échoué, il réussit grâce à sa loyauté envers la Parole de son Père, Parole qui réside en Lui-même, et qu’Il est en tant que personne.
Dès lors, le Carême constitue une période durant laquelle notre foi est mise à l’épreuve et testée, mais c’est aussi un moment propice à la maturation et à l’exploration de la fidélité d’un Dieu présent en permanence dans notre vie. Il est enfin le temps d’envisager l’avenir de manière positive, car l’Emmanuel, Dieu parmi nous, est notre GPS. Il n’est donc pas question d’accomplir à tout prix, par « devoir » ou par « contrainte », ce qui est recommandé pour être considéré comme un bon chrétien. Il s’agit principalement d’accueillir l’Amour de Dieu dans nos vies pendant ces 40 jours et de le vivre en fonction de nos capacités individuelles, tout en nous laissant observer par Notre Ainé, Jésus-Christ. Cela nous mènera vers
un renouveau similaire à celui de la graine de blé lorsqu’elle germe après avoir lutté sous terre. Il s’agit de Pâques, notre propre résurrection.

Père Marcel ANGANGA